Dernière mise à jour : le 9 janvier 2024

La sagesse de Solon

Date de publication : 29/08/2023

En ces temps de transition, je souhaite partager avec vous l’extrait d’un texte de Hérodote d’Halicarnasse, écrit il y a environ 2 500 ans. Malgré cette ancienneté, je trouve qu’il propose une lecture de notre monde actuel. À méditer...

Hérodote, 1964, L’enquête. Livres I à IV, trad. Andrée Barguet, Paris, Gallimard, p. 55 [Folio]

Extrait de l’histoire de Crésus (Livre I) :

« Car l’homme très riche n’est nullement plus heureux que l’homme qui vit au jour le jour, si la faveur du sort ne lui reste pas assez fidèle pour qu’il termine sa carrière en pleine prospérité. Nombreux sont les riches malheureux, nombreux les gens sans grandes ressources que le sort favorise. L’homme très riche et malheureux n’a que deux avantages sur l’homme qui jouit des faveurs du sort, quand celui-ci en a de multiples sur le riche malheureux : le premier peut mieux satisfaire tous ses désirs, il peut mieux supporter une grande calamité ; mais voici les avantages du second : s’il ne peut, comme l’autre supporter calamités et désirs, sa chance le préserve des unes comme des autres, il ignore les infirmités, la maladie, le malheur, il a de beaux enfants, il est beau lui-même. Si, à ces avantages, s’ajoute une belle fin de vie, voilà l’homme que tu cherches, l’homme qui mérite le nom d’heureux. Mais, avant sa mort, il faut attendre et ne pas le dire heureux, mais simplement chanceux. Réunir tous ces avantages est impossible pour un mortel, de même qu’aucune terre ne porte à elle seule tous les fruits : si elle en produit quelques-uns, les autres lui manquent, et la terre qui en porte le plus est la meilleure. Il en est ainsi de l’homme : nul être ne réunit tout en lui ; il possède tel bien, mais tel autre lui manque ; celui qui en garde le plus grand nombre jusqu’à son dernier jour, puis quitte gracieusement cette vie, celui-là, seigneur, mérite à mes yeux de porter ce nom. Il faut en toute chose considérer la fin, car à bien des hommes le ciel a montré le bonheur, pour ensuite les anéantir tout entiers. » Solon à Crésus

D’après Hérodote, l’Athénien Solon avait raison. Crésus fut la première victime de son excès de biens. La Lydie, son royaume, fut le dernier conquis par l’Empire médique de Cyrus. Ce texte fait partie du prologue des guerres médiques que nous raconte Hérodote dans les livres suivants.

Maxime Forriez.

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