Dernière mise à jour : le 9 janvier 2024

Le comté de Flandre, des origines à l’intégration bourguignonne

Date de publication : 17/01/2023

Aujourd’hui, un peu de géographie historique pour les nuls ! L’histoire du comté de Flandre n’est pas facile à appréhender, car, contrairement à de nombreuses régions historiques intégrées au royaume de France, ici, l’intégration n’est que partielle, et le comté historique est aujourd’hui coupé en deux par la frontière franco-belge qui, disons-le franchement, n’a aucun sens. Nous le verrons dans ce post. Le comté de Hainaut a été souvent couplé au comté de Flandre, et a subi également le même sort. Il est coupé en deux par la frontière franco-belge.

Le comté de Flandre était une principauté qui émergea sous Charles le Chauve au IXe siècle avec Baudouin Ier. Contrairement à d’autres entités géographiques, il ne connut pas les ravages de la féodalité. Le comte dominait l’ensemble de ses vassaux et chacun d’entre eux se tenait tranquille et contestait rarement son autorité. Le comté connut des extensions variables tout au long de sa longue histoire. La notion d’État n’existant pas au Moyen Âge, il ne faut pas trop chercher à établir une carte précise des limites du comté de Flandre.

Jusqu’à la querelle des Dampierre et des Avesnes, due à la bigamie de Marguerite de Flandre au XIIIe siècle, le projet des comtes de Flandre était de construire un vaste comté entre le royaume de France et le Saint-Empire romain germanique. Ainsi, dès le XIe siècle, le comté de Hainaut (empire), entra dans la mouvance du comté de Flandre, mais, après la mort de Marguerite de Flandre, il redevint jusque Louis XIV une terre d’empire. Ainsi, le comté de Hainaut qui avait pour capitale Valenciennes, et non Mons, a toujours été une terre à part dans la structuration territoriale du comté de Flandre.

Le comté de Flandre disposait d’une base solide : les villes flamandes qui étaient principalement établies au nord du comté : Gand, Saint-Omer, Lille, Bruges, Ypres, Douai, etc. Plus au sud, la limite entre le comté de Flandre et la Picardie était beaucoup plus floue. Dans cette zone, plusieurs territoires tampons virent le jour : le comté de Boulogne, le comté de Saint-Pol (sur Ternoise) et le comté d’Artois (Arras, Béthune, Lens). Entre la Flandre et le Hainaut, entre Douai, Valenciennes (empire) et Cambrai (empire), le pays d’Ostrevant était un enjeu permanent entre les deux comtés, bien qu’officiellement il fût flamand. Ainsi, dans le comté de Flandre historique, il existait plusieurs autres comtés, tous rattachés à la grande principauté.

L’existence de ces "sous-comtés" était une aubaine pour les rois de France. À partir de la fin du XIIe siècle, et tout au long du XIIIe siècle, ils s’emparèrent progressivement du sud du comté de Flandre, en commençant par le comté d’Artois. Selon la théorie de la mouvance, dès que le roi prenait possession d’une terre, l’ancien propriétaire ne pouvait rien faire. Toutefois, le comte de Flandre ne l’entendit pas de cette oreille, ce qui conduisit au désastre pour les Flamands de Bouvines le 27 juillet 1214. Le comtesse Jeanne de Flandre ne put empêcher l’annexion de sa principauté par le puissant Philippe II Auguste. Toutefois, les villes flamandes contestèrent sans répit l’autorité royale française, et la guerre de Cent Ans permit au comté de retrouver un court instant son autonomie perdue jusqu’à son intégration au territoire bourguignon à la fin du XIVe siècle.

Les ducs de Bourgogne avaient profité de la folie de Charles VI pour tenter la reconstruction de l’ancienne Lotharingie disloquée entre le royaume de France et l’empire. Le projet d’État bourguignon fut un échec, mais ses ruines permirent de faire entrer l’Europe à l’ère moderne en donnant naissance aux Pays-Bas bourguignons, puis espagnols, puis aux Provinces-Unies, terre de liberté entre la France et l’empire. Dans ce nouveau cadre, le comté de Flandre était devenu une entité parmi d’autres, largement amputée d’ailleurs : l’Artois était devenue autonome, la Picardie était devenue un ensemble cohérent... Toutefois, le Hainaut faisait également de ce vaste ensemble territorial.

Dans ce bazar territorial, la frontière linguistique n’avait aucun sens, car, dès le départ, le traité de Verdun (843) n’avait pas tenu compte de celles-ci. Ainsi, le comté de Flandre a toujours été partagé en deux groupes : les langues germaniques au nord (flamand essentiellement) et les langues d’oïl au sud (picard notamment). Il a de fait toujours existé deux Flandre : les flamands et les wallons. Néanmoins, la frontière actuelle ne s’est pas construite sur cette division, ce qui explique d’ailleurs le bilinguisme originel de la Belgique qui est une histoire de fous. Le gros de la zone parlant le flamand appartenait à la France, tandis que le gros de la zone parlant le français appartenait à l’empire.

Ainsi, aujourd’hui, le comté de Flandre a totalement été démantelé par les rivalités modernes entre la France et l’Allemagne, et a donné naissance à la Belgique catholique en 1830. Toutefois, la trace de cet immense territoire reste géographiquement inscrit dans l’ancienne région française du Nord-Pas de Calais et en Belgique flamande, permettant de larges coopérations culturelles entre les deux États. Néanmoins, l’histoire complète de la Flandre ou du Hainaut reste à écrire, la frontière et les obstacles linguistiques rendant son écriture très complexe. Les travaux ne manquent pas, mais leur synthèse reste un enjeu très important dans la science historique.

Maxime Forriez.

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