La paléographie
Date de publication : 04/05/2021
La paléographie est l’étude des écritures anciennes. Contrairement à la présentation que j’ai faite de l’héraldique, ici, il est compliqué d’illustrer le propos par une simple de description des lettres. De fait, je n’évoquerai que quelques notions de base. Il vous faut juste savoir que de nombreux traités recensent les formes des lettres.
Balayons quelques idées reçues. (1) L’écriture a une histoire. Les formes des lettres actuelles sont le fruit d’une très longue évolution, et, en fonction de l’époque, on n’écrit pas de la même manière. Entendons-nous bien. Je ne parle pas du style ou de la grammaire, mais bien du dessin. (2) On distingue la paléographie de l’épigraphie. La paléographie a pour support un parchemin, un papier, c’est-à-dire un support mobile. L’épigraphie a pour support la pierre qui, en général, ne se déplace pas. Pour cette raison, la paléographie a des supports qui commencent à partir du VIIe-VIIIe siècle p.-C. Nous ne pouvons que remercier les moines copistes du Moyen Âge d’avoir transcrit sur des parchemins les textes antiques écrits sur des papyrus ou des tablettes de cire, beaucoup moins durable dans le temps. (3) L’imprimerie n’a pas profondément bouleversée l’usage des textes écrits à la main. La raison principale était que le procédé coûtait cher. De fait, nous n’allions pas imprimé des textes sans intérêt, tels que les textes juridiques ou administratifs qui étaient toujours écrits à la main. Ces derniers sont devenus des sources historiques à part entière, mais, à l’époque, c’était juste des comptes-rendus, et si vous savez ce que nous faisons des comptes-rendus à notre époque, vous pouvez imaginer la valeur de ces textes pour leur contemporain. (4) Plus on avance dans le temps, moins les textes sont compréhensibles. Les textes les plus faciles à transcrire sont ceux écrits avec le standard de la minuscule caroline. Avec le temps, les rédacteurs, sans doute pressés dans leur écriture, écrivent de plus en plus mal, à un tel point que la paléographie du XVIIIe siècle est l’une des écritures les plus difficiles à déchiffrer. À l’université, j’étais admiratif face à une co-étudiante qui lisait avec une facilité déconcertante ce qui ressemblait, pour moi, à des gribouillis, alors que le français employé était proche du français actuel. Avec l’école obligatoire, à partir de la fin du XIXe siècle, l’écriture devient beaucoup plus facile à lire, puisque les instituteurs imposèrent les mêmes lettres pour toute la France.
J’ai beaucoup aimé apprendre à lire des textes d’archives du Bas Moyen Âge. C’est très formateur, car, même si les lettres ne valent pas celles en vigueur au XVIIIe siècle, leur lecture m’a appris à décoder les écritures actuelles les plus obscures. C’est par conséquent très formateur. De plus, le fait de savoir transcrire de tels textes vous ouvre la possibilité réelle de devenir historien, car toutes les archives régionales n’ont pas été transcrites, et heureusement, car ce serait un travail titanesque. Je ne suis même pas sûr qu’une intelligence artificielle serait en mesure d’assimiler toutes les variations d’écriture. Ainsi, si vous voulez écrire l’histoire, et non plus la lire, il vous faut impérativement apprendre les écritures anciennes. Mon unique regret concernant la paléographie est qu’elle n’est réellement enseignée qu’à l’École des chartes (http://www.chartes.psl.eu/), ce qui lui confère un statut plutôt pédant, voire prétentieux. Dommage ! Néanmoins, la plupart des historiens apprennent sur le tas pour la nécessité d’une analyse historique, donc, si vous voulez y mettre, foncez à vos archives départementales ou régionales !
Maxime Forriez.
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