Dernière mise à jour : le 9 janvier 2024

1204

Date de publication : 20/04/2021

Dans l’histoire, il existe des dates qui se suffisent à elles-mêmes : 1492, 1515, 1789, etc. Il suffit de les prononcer pour que, automatiquement, on sache de quoi il s’agit. 1204 en fait partie. Toutefois, un petit rappel pour tous ceux qui auraient oublié l’événement, peut être nécessaire.

Les 12-13 avril 1214, les Croisés pillèrent Constantinople. Cet événement géopolitique secoua toute l’Europe chrétienne, car des Chrétiens avaient osé s’attaquer à d’autres Chrétiens. Tout comme la bataille de Poitiers (732), la bataille de Marignan (1515), etc., il s’agit d’un événement que l’on apprend à l’école sans véritablement l’expliquer. On insiste sur son importance sans vraiment la justifier, or cette date occulte celle du 29 mai 1453, qui marque le début de la colonisation turque des Balkans par la prise symbolique de Constantinople et la fin de l’Empire romain d’Orient. Pourquoi ? Simplement parce que Constantinople fut prise par Mehmet II (1432-1481) sans être accompagnée par les excès des Croisés en 1204. Le pillage de la ville fut beaucoup plus « encadré », mais surtout Mehmet II n’humilia pas les vaincus comme avaient pu le faire les Croisés. De fait, que firent-ils de si terrible ?

Avant d’y répondre, il faut expliquer les origines du pillage et le contexte géopolitique de la Méditerranée au début du XIIIe siècle. Le premier élément était que l’Occident était, enfin, remis de la disparition de l’Empire romain. Les grandes invasions/migrations étaient finies. Le système politique qui en avait résulté, la féodalité, était stabilisé. L’économie, notamment urbaine, avait pris son essor. Bref, l’Occident était redevenu fort et avait étendu son influence sur des terres barbares, et mieux que ça, l’Empire romain avait été restauré sur l’une d’entre elle, empire dont le nom suffit pour comprendre son identité : Saint-Empire romain germanique. « Saint » signifie qu’il était chrétien, « Empire romain » qu’il était l’héritier de l’Empire romain d’Occident, et « « germanique » qu’il avait fusionné avec l’héritage barbare. Face à cette histoire propre, l’Occident se distinguait de l’Orient.

D’un point de vue religieux, deux patriarches, celui de Rome et celui de Constantinople, proposaient une vision différente du christianisme. Historiquement, il n’y avait pas de hiérarchie entre les cinq patriarcats, puis les migrations, les guerres qui en découlèrent, changèrent tout. Rome avait été placée sous la protection de l’Empire d’Orient après la reconquête de Justinien Ier (vers 482-565) entre 535 et 555 de la péninsule italienne. De fait, Constantinople contrôlait les trois patriarcats d’Orient et celui de Rome. Malheureusement, cette reconquête était trop lourde à assumer pour les successeurs de Justinien, toujours en guerre avec leur plus grand ennemi, celui qui avait justifié la création même de Constantinople, l’Empire perse sassanide (IIIe siècle – VIIe siècle p.-C.). Il ne fut pas très compliqué pour les Germains de reprendre progressivement le sud de la péninsule ibérique (reconquise vers 552 par Justinien Ier) et le nord de la péninsule italienne, quitte à abandonner Rome. Dans ce contexte, un nouveau joueur apparut, le peuple des Arabes, unifié par Muhammad (vers 570-632) entre 622 et 632. Comme je l’avais exposé dans un post précédent, l’expansion arabe fut fulgurante.

L’Empire perse, qui n’était pas en meilleure santé que l’Empire romain d’Orient, fut mis K.O. en quelques années. L’Empire romain fut amputé, ce qui lui offrit sa forme territoriale médiévale (Balkans et Anatolie). Tout le sud de l’Empire romain (territoires africains) fut annexé en moins d’un siècle, et, la plupart du temps, avec le consentement des populations locales qui n’en pouvaient plus de l’administration de Constantinople. Deux problèmes géopolitiques se posèrent alors : la conquête du sud de l’Espagne menaçant directement les peuples germaniques et la prise de la Terre sainte, jusque-là chrétienne.

De son côté, le pape ne pouvait plus compter sur Constantinople. Il était abandonné à son sort. Face au danger arabe, la papauté finit par se tourner vers les Francs, ce peuple qui avait su stopper les Arabes à Poitiers en 732 (cf. post sur le sujet pour davantage de détails). À partir de là, l’Église, unie jusqu’alors par l’Empire romain, ou du moins par l’idée d’un empire unifié, malgré ses divisions territoriales par le Christianisme, se divisa elle-même : il y avait Rome, il y avait Constantinople. Le VIIIe siècle fut le temps des querelles théologiques sur la manière de pratiquer et de concevoir la Foi. En 1054, elles aboutirent au fameux schisme entre le Catholicisme et l’Orthodoxie, schisme souvent qualifié de querelle supplémentaire à l’époque. 1204 changea tout. Ce fut cet événement qui fut le véritable schisme.

Le renversement de pouvoir entre l’Occident et l’Orient fut porté par les Croisades. En 1095, (saint) Bernard de Clairvaux (1090-1153) appela à la Croisade afin de reconquérir la Terre sainte. La grande question était pourquoi il eut une réponse si importante. En effet, la Première Croisade était composée de seigneurs locaux, dont le plus célèbre est le futur roi de Jérusalem, Godefroy de Bouillon (vers 1058-1100). L’empereur et les rois occidentaux n’y prirent aucunement part. Ils laissèrent partir leurs barons. En réalité, ils jouaient un jeu politique très habile. Le XIe siècle avait été celui pendant lequel le principe dynastique dit de primogéniture mâle commençait à s’imposer dans tout le système féodal. S’il réglait en partie la question des bâtards, qui fut officiellement tranchée par l’invention du mariage chrétien en 1215, il ne solutionnait pas le problème des cadets. De fait, c’était une bonne idée de les laisser partir guerroyer loin des centres de pouvoir occidentaux. En dehors de cet aspect, il s’agissait également pour les souverains de voir ce qui en sortirait. Assez rapidement, l’armée en campagne, qui avait eu l’autorisation de l’empereur de Constantinople de passer par les Balkans, avait déjà un comportement plus que discutable avec leurs coreligionnaires. Il n’était pas rare qu’un village par ci, qu’un village par là fût pillé. Lors de leur arrivée à Constantinople, le moins que l’on puisse en dire est qu’ils eurent un comportement irrespectueux envers l’empereur Alexis Ier Comnène (vers 1058-1118). Ce fut l’unique fois où Constantinople autorisa les Latins à emprunter la route terrestre menant à la Terre sainte, et si on regarde les détails, on comprend rapidement pourquoi. Contre toute attente, la Croisade fut un succès, mais les Croisés, au lieu de rendre leur conquête à Constantinople, établirent, après la prise de Jérusalem en 1099, un royaume, décomposé en fiefs (comtés et duchés). L’Orient apparut désormais bien faible.

Le royaume chrétien de Jérusalem dura moins d’un siècle et fut repris en 1191 par Salâh al-Dîn (1138-1193), date à laquelle Saint-Jean-d’Acre tomba. Après l’échec de la Troisième Croisade (1189-1192), la plus connue, celle des rois, dont Richard Cœur de Lion (1157-1199), un appel à la Quatrième Croisade était éminent. Du royaume de Jérusalem, il ne restait plus que Chypre, qui ne fut reprise par les Musulmans qu’au XVe siècle, et que quelques villes côtières qui allaient bientôt tomber.

Avant de disserter sur la Quatrième Croisade, qui aboutit à cette nuit de 1204, il faut revenir rapidement sur l’origine de la rivalité entre Venise et Constantinople. Venise est une ville qui évoque aujourd’hui les vacances en amoureux. Elle paraît sereine, paisible, mais la réalité historique est tout autre. Commençons par le début. Venise était une colonie de Constantinople. Ce fut l’une des rares villes italiennes qui ne tomba entre les mains des Lombards, puis du Saint Empire romain germanique. Elle fut byzantine jusque 1204. Elle appartenait à l’Empire romain d’Orient, et en était sa fille. À partir de la fin du XIe siècle, Constantinople autorisa les marchands italiens venant d’Amalfi, de Pise, de Gênes et de Venise à s’installer dans un quartier spécifique de la ville, le quartier des Latins. Ces commerçants exerçaient leur métier dans les limites imposées par l’empereur, ce qui les dérangeait de plus en plus.

Constantinople dérangeait en réalité toutes les villes commerçantes de la Méditerranée. Elle avait le monopole de la soie, et la soie étant une parure impériale, était très réglementée par les empereurs. Tout trafic était puni de mort. Il fallait tenter de modifier les routes de la soie menant, notamment en Europe. Entre parenthèses, vous découvrez sans doute que le projet actuel chinois n’a rien de neuf. Parmi les plus grandes rivales de Constantinople, il y avait Venise. Du côté musulman, la grande unité de la conquête du VIIe siècle avait vécu, et l’équilibre géopolitique était devenu très complexe, c’est ce qui explique le succès des Croisés au XIIe siècle. Toutefois, l’unité religieuse permit d’éviter un trop grand éclatement de l’ancien empire abbasside. Il n’y eut aucune féodalisation.

Désormais, il est possible d’expliciter 1204. Tous les enjeux et tous les acteurs sont posés. Je vous précise que certaines idées reçues concernant le Moyen Âge vont être bousculées. En tête de leur liste, celle consistant à prétendre que les Croisades avaient une cause religieuse. Bien que, déjà évoquée, cette idée va être définitivement balayée avec 1204. Les Croisades ne servirent à l’Occident que pour mettre fin aux excès de violences qu’il subissait depuis le IIIe siècle p.-C., mais surtout à affirmer sa domination sur la Méditerranée.

En 1198, Innocent III (1161-1216), pape de 1198 à 1216, prêcha une nouvelle Croisade. Face à la catastrophe de la Troisième Croisade, les souverains la laissèrent une nouvelle fois à leurs barons. Cette fois, ce furent les barons français qui y répondirent : Geoffroy de Villehardouin (vers 1150-entre 1212 et 1218), sénéchal de Champagne et chroniqueur de la prise de Constantinople ; Baudouin VI (1171-1205/1206), comte de Flandres ; Boniface de Montferrat (vers 1150-1207) ; Thibaut de Champagne (1179-1201) ; Louis (1171/1172-1205), comte de Chartres et de Blois ; Matthieu de Montmorency (vers 1168-1230) ; Conon de Béthune (1150-1219). Toutefois, il leur fallait de l’argent pour financer l’expédition. Ils le trouvèrent à Venise.

Ce fut l’un des moments de l’histoire pendant lequel les banquiers prirent le pouvoir. En février 1202, Geoffroy de Villehardouin et Conon de Béthune partirent pour Venise. Il s’agissait de convenir d’un droit de passage en Terre sainte d’environ 350 000 guerriers. Rappelons-le les Croisés ne pouvaient plus passer ni par les Balkans, ni par la plaine germano-polonaise. Le doge Enrico Dandolo (1107-1205) arma 50 galères en échange de la moitié des futures conquêtes. Au printemps 1202, le doge exigea une somme beaucoup trop élevée pour l’embarquement des troupes. Il s’agissait d’une habile manœuvre politique de la part du doge. En échange de « menus services », les Croisés pourraient embarquer.

Enrico Dandolo voulait qu’ils pillassent le port de Zara, concurrent direct de Venise en mer Adriatique, or il appartenait au roi de Hongrie, allié du Saint-Siège en Orient. Le pape désapprouva le projet et excommunia la ville de Venise, ce qui fut une erreur stratégique, car, libérée des obligations par rapport au souverain pontife, le doge pouvait faire ce qu’il voulait, y compris traiter avec les Musulmans.

L’Égypte était logiquement un allié de poids pour Venise. En effet, elle constituait le terminus de la route de la soie maritime, récemment détournée de Bagdad. En échange de l’accès aux ports du delta du Nil de la part du sultanat du Caire, Venise promettait de ne soutenir aucune expédition/croisade contre l’Égypte. Le doge n’avait désormais plus besoin de Constantinople, ou, du moins, ce n’était qu’une alliance secondaire. Le « complot vénito-égyptien » prit alors forme. Précisons que la Terre sainte était historiquement, et ce depuis les Pharaons, égyptienne. De fait, Venise renonçait à la reprise du Royaume de Jérusalem agonisant. Ce complot était plutôt secret, et les Vénitiens n’auraient sans doute jamais conduit les Croisés en Terre sainte. Ils suffisaient pour eux de « promener » les militaires en Méditerranée en exigeant sous des prétextes spécieux l’augmentation de leur tarif. Zara aurait pu être la première d’une longue série de pillages. Toutefois, les événements internes de Constantinople permirent de lui offrir un bien meilleur plan.

Le pouvoir fut une nouvelle fois usurpé à Constantinople. Le basileus Isaac II Ange (1156-1204) fut détrôné en 1195 par son frère Alexis III (vers 1153-1211/1212). Comme de coutume, Isaac Ange eut les yeux crevés avant d’être jeté en prison. Alexis III commença à mener une politique anti-Latins à Constantinople. Le prétexte d’une intervention était tout trouvé pour Venise. Alexis IV (vers 1182-1204), fils d’Isaac II, avait réussi à s’enfuir et commença à chercher de l’aide en Europe occidentale, preuve de l’inversion géopolitique entre l’Orient et l’Occident.

Le doge, toujours aussi habile, fit remarquer aux Croisés qu’il fallait aider Alexis IV, car, en échange de leur aide, il leur favoriserait la tâche dans leur reconquête du Royaume de Jérusalem. Le destin de Constantinople était scellé. Rapidement, Alexis IV promit l’entretien d’une armée pendant toute une année, une offre de 200 000 marcs d’argent pour les frais de la guerre et une possible soumission de l’Église orthodoxe à celle de Rome. Ces décisions furent entérinées lors d’un conseil tenu à Zara, et l’expédition devait partir au printemps 1203. Venise allait reprendre en main Constantinople et évincer les comptoirs pisans présents et dominants la péninsule grecque.

En avril 1203, la flotte mit le cap sur Corfou où Alexis IV fut proclamé basileus. Elle atteignit la mer de Marmara le 23 juin 1203 où ils annoncèrent à Nicolas Rossi, un envoyé d’Alexis III leurs intentions. L’empereur s’enferma dans Constantinople, et le siège commença. L’usurpateur finit par fuir avec tous ses trésors, et, en juillet 1203, Isaac II et Alexis IV furent rétablis sur leur trône. Il faut noter que, à cette époque, il était admis à Constantinople qu’il y eût plusieurs empereurs en même temps.

Suite au coup d’État, Boniface de Montferrat expédia à Alexis IV une députation afin de ratifier l’accord de Zara. Face à l’armée latine, Alexis IV accepta, mais la clause concernant l’Église orthodoxe mécontenta le peuple. La tension entre Latins et Grecs fut palpable et s’accrut entre 1203 et 1204, d’autant plus qu’Alexis IV dut lever des impôts afin de satisfaire les Croisés, ce qui ne facilita pas sa popularité. Alexis V Doukas surnommé Murzuphle (?-1204), jeune prince de la famille impériale, usurpa le trône à son tour avec une révolte clairement anti-Latins. En désespoir de cause, Alexis IV tenta d’incendier la flotte vénitienne au mouillage dans le port. Les Latins commencèrent un nouveau siège. Cela ne permit pas à Alexis IV de sauver son trône, et durant le siège Murzuphle prit le pouvoir en janvier 1204, et fit tuer Isaac Ange et Alexis IV. Après une courte paix, Constantinople fut de nouveau assiégée début avril 1204.

Pourquoi les Latins n’avaient-ils pas fui étant donné tout ce ressentiment populaire ? Simplement parce qu’ils étaient coincés par l’hiver qui rendait le retour à Venise extrêmement périlleux.

Comment prirent-ils la ville avec un siège aussi court ? Là, les sources sont peu précises. Néanmoins, depuis Constantin Ier le Grand (vers 272-337), jamais Constantinople n’avait été prise : Perses, Arabes, Russes, Bulgares, et tant d’autres n’avaient jamais réussi à la prendre. Jamais ! La ville fut prise par des Chrétiens ! Des Coreligionnaires ! Impensable ! Constantinople et Rome étant spirituellement égales, imaginez le choc en Occident et en Orient !

Plusieurs sources tendent à démontrer l’existence d’une aide intérieure (mercenaires francs ? commerçants vénitiens ?). Toujours est-il que dans la nuit du 12 au 13 avril 1204, quelqu’un semble avoir ouvert l’une des portes de la ville aux Croisés. Ce fut un assaut peu glorieux, sans combat. Murzuphle put s’enfuir, du moins pour un temps, et les guerriers avaient reçu l’ordre d’épargner la vie des habitants, mais le pillage de la riche Constantinople ne put être évité. Les soldats eurent un comportement qui choqua profondément les Grecs. Ils firent danser des femmes nues sur l’autel de la cathédrale Sainte-Sophie par exemple. Comment des Chrétiens pouvaient-ils faire cela à d’autres Chrétiens ? Pourquoi une telle humiliation ? Vous comprenez pourquoi 1204 fut plus traumatisant pour les Grecs que 1054 ou 1453. Le 29 mai 1453, Mehmet II prôna la tolérance religieuse. Ses troupes avaient une stricte interdiction de mal se conduire avec les Chrétiens. L’unique acte que les Grecs vaincus pouvaient lui reprocher, était la conversion de Sainte-Sophie en mosquée.

Les textes latins évoquent peu ce comportement indigne, mais il est bien rapporté par des sources grecques ou russes. Avant la conquête, les Croisés avaient convenu d’une Partitio Romanie entre eux. Six Vénitiens et six Français choisis par les protagonistes, désignèrent Baudouin pour gouverner Constantinople. Comme le personnage naquit dans ma ville actuelle, Valenciennes, il est bon de le rappeler. Un valenciennois devint le nouveau basileus. Ainsi, commença l’Empire latin d’Orient. Il fut peu glorieux, mais dura jusque 1261. Jamais ces Latins ne virent la Terre sainte.

Assez rapidement, un nouvel Empire romain d’Orient vit le jour en Anatolie. À Nicée, le gendre d’Alexis III, Théodore Ier Lascaris (vers 1174-1221), fut proclamé basileus. Toutefois, Grecs ou Latins ne purent contenir les assauts bulgares, valaques et turcs. Les jours de l’Empire romain d’Orient étaient comptés, même après que les Latins furent chassés en 1261. Sa survivance dura jusque 1453, à cette date Constantinople était l’unique représentante de l’Empire romain ; tout le reste des Balkans étant devenu turc.

L’unique gagnante de cette « opération commerciale » fut Venise qui obtint un « quart et demi » des conquêtes latines. Elle put ainsi établir de nombreux comptoirs sur les îles grecques au détriment de Pise et de Gênes. La prise de Constantinople marque en quelque sorte l’avènement du capitalisme, ou, du moins, en sème les graines, dans le sens où des intérêts privés de quelques commerçants ont abouti à la destruction d’une civilisation. Néanmoins, le capitalisme en tant que tel ne poussa qu’à partir du XIVe siècle. Ceci est une autre histoire.

Jamais les Orientaux (Grecs et Russes principalement) n’ont pardonné 1204. Ils savaient désormais qu’ils n’avaient rien à attendre de l’Occident. D’ailleurs, en 2008, aucun pays de l’Europe occidentale n’a défendu la Grèce face aux délires de l’Allemagne, et lui ont imposé une humiliation supplémentaire. L’histoire recommence-t-elle ? La Grèce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Hongrie et Pologne se tournent de nouveau vers leur seul allié de confiance, la Russie. La fracture entre l’Orient et l’Occident existe de fait plus que jamais. À quand la rupture ?

Maxime Forriez.

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