Dernière mise à jour : le 9 janvier 2024

Les « rois fainéants » ou l’ascension des maires du palais (639-751)

Date de publication : 02/11/2020

Pour commencer la semaine, un peu post qui m’a bien pris la tête. À la mort de Dagobert Ier, le plus grand roi mérovingien, en 639, les royaumes francs connurent une période relativement sombre. Elle ne fut pas plus violente que la précédente, mais l’histoire n’a retenu que l’ascension des Pippinides au détriment de leurs maîtres, les rois d’Austrasie et de Neustrie/Bourgogne.

L’expression « rois fainéants », c’est-à-dire incapables de gouverner, fut proposé par les alliés de Pépin le Bref après son coup d’État, afin de justifier son usurpation. Cette vision fut celle qui prévalut dans l’historiographie ; de nouvelles recherches tendent à montrer que cette description était largement exagérée. Les Pippinides auraient pu devenir roi dès les années 680, mais ils furent empêchés par les « rois fainéants », donc il convient d’exposer les quelques faits qui nous sont parvenus pour comprendre comment renverser une dynastie aux temps des Francs. Attention ! Je décline toute responsabilité sur le mal de crâne que vous aurez probablement en lisant ce texte.

À partir de 639, une longue période de désordre commença. Peu à peu, les maires du palais, compagnons du roi, prirent le pouvoir officieusement. Ce fut un long processus au bout duquel le dernier roi mérovingien fut déposé par Pépin le Bref (714-768). Ferdinand Lot (1866-1952) qualifia cette période de « temps des bêtes sauvages ».

Les descendants de Dagobert Ier (639-751)

À la mort de Dagobert Ier en 639, le Regnum francorum fut une nouvelle fois partagé en deux entre les deux fils de Dagobert Ier. L’Austrasie à l’est devint le royaume de Sigebert III (631-656), et la Neustrie, comprenant la Bourgogne, devint le royaume de Clovis II (635-657). Les deux royaumes se livrèrent alors une guerre sans merci, attisée par le particularisme bourguignon au sein de la Neustrie.

Le maire du palais de Neustrie de 639 à 642, Aega (?-642), gouverna au nom de Clovis II. Il mourut assassiné en 642, et fut remplacé par Erchinoald (?-658), maire du palais de Neustrie de 641 à 658. Il dut lutter afin de concilier l’aristocratie de son royaume. (Sainte) Bathilde (vers 630-680), femme de Clovis II, fonda les monastères royaux de Corbie pour les moines et de Chelles pour les moniales.

Sigebert III reprit comme maire de palais de 639 à 640, Pépin Ier de Landen (ou l’Ancien) (vers 580-640), qui avait été disgracié par son père Dagobert Ier. Pépin gouverna l’Austrasie avec la plus grande prudence. Son fils, Grimoald Ier (vers 615-657), devint alors maire du palais d’Austrasie de 640 à 657.

Le fils de Clovis II, Clotaire III ( 654-673), lui succéda en tant que roi de Neustrie et de Bourgogne, sous la tutelle de sa mère (sainte) Bathilde (vers 630-680) et du maire du palais de Neustrie de 642 à 658, Erchinoald (?-658). Ébroïn (?-681) devint le maire du palais de Neustrie de 658 à 673, puis de 676 à 681. Pendant quinze ans, il tint tête aux Bourguignons qui luttèrent sans cesse contre lui, car il voulut refaire l’unité franque autour du roi de Neustrie.

À la mort de Clotaire III en 673, sans consulter les Leudes, il décida de confier la couronne de Neustrie au frère de Clotaire III, Thierry III (vers 657-691). Cette décision provoqua la révolte de toute l’aristocratie, qui se rallia à Childéric II (652-675), frère de Clotaire III et de Thierry III, roi d’Austrasie de 662 à 675. Devenu roi de tous les Francs de 673 à 675, et suivant le conseil de (saint) Léger (vers 616-678/679), évêque d’Autun de 657 à 665, Childéric II enferma Thierry III et Ébroïn, ainsi que Léger lui-même, dans un monastère, d’où ils furent libérés lorsque Childéric II fut assassiné en 675.

Alors que Thierry III redevint roi de Neustrie et de Bourgogne entre 675 et 691, Léger et Ébroïn reprirent leur lutte. Léger encouragea, le fils d’Érchinoald, Leudesius (?-656), à devenir maire du palais de Neustrie entre 675 et 676. Suite au siège d’Autun, ville dans laquelle Léger et Leudesius, s’était réfugiée. Ébroïn assassina Leudesius, après qu’Autun se rendit en 676. Il fit crever les yeux et coupa les lèvres de Léger. Vers 678, il le fit décapiter dans la forêt de Sarcinium (actuelle forêt de Lucheux en Picardie au lieu-dit Sus-Saint-Léger).

Ébroïn renversa Thierry en 675, et plaça, Clovis III (vers 670-?), fils prétendu de Clotaire III, sur le trône d’Austrasie de 675 à 676. Ce dernier reconnu usurpateur fut remplacé par Dagobert II (vers 652-679), fils de Sigebert III qui devint roi d’Austrasie entre 676 et 679. À sa mort, Thierry III devint roi des Francs de 679 à 691. Cette période de douze ans fut extrêmement trouble. Les hostilités éclatèrent entre Neustriens et Austrasiens sous son règne théorique. L’Austrasien Pépin II de Herstal (vers 645-714), fort de la fortune foncière accumulée par les Pippinides et de son rôle incontesté de chef de l’aristocratie, prit le pouvoir en Austrasie, et devint maire du palais de 676 à 714.

Très vite, il affronta Ébroïn. Ce dernier remporta une victoire sur Pépin II de Herstal, lors de la bataille de Latofao en 680 (actuelle Laffaux) entre Soissons et Laon. En 681, Ermenfroi (?-?) assassina Ébroïn, devenu beaucoup trop puissant. Il se réfugia au sein de la cour d’Austrasie. Ébroïn fut remplacé par Waratton (?-686) qui devint maire du palais entre 681 et 684, puis entre 685 et 686, cherchant la paix avec l’Austrasie, il fut remplacé entre 684 et 685 par son propre fils, Ghislemar (?-685), qui attaqua l’Austrasie, et la vainquit près de Namur en 684, mais il mourut peu après en 685 ; son père revint au pouvoir. Berchaire (?-688) devint le nouveau maire du palais de Neustrie de 686 à 687. Il poursuivit les réformes d’Ébroïn consistant à reprendre en main les aristocrates neustriens. Mécontents ces derniers firent appel à Pépin II de Herstal afin de prendre sa place. Il écrasa les troupes de neustriennes de Berthaire à la bataille de Tertry (entre Péronne et Saint-Quentin) en 687. Il s’empara de Thierry III, du trésor royal et de la mairie du palais de Neustrie.

Dès lors l’unité franque était restaurée, mais, au détriment des descendants de Dagobert Ier, qui se succédèrent sur le trône sans exercer aucun pouvoir. Thierry III resta souverain des Francs jusqu’à sa mort en 691. Pépin de Herstal, duc des Francs et maire du palais d’Austrasie devint le protecteur et le gardien du roi de Neustrie et de Bourgogne. Maître de la Gaule, Pépin de Herstal soumit les évêques, ce qui accrut ses ressources foncières. Toutefois, Pépin II de Herstal ayant fort à faire au nord à des raids des Frisons et des Saxons, laissa l’Aquitaine (de la Loire aux Pyrénées), la Bourgogne (de la Champagne et du Jura jusque la Durance) et la Provence (au sud de la Durance) se détacher de l’Austrasie (de la Champagne aux pays rhénans) et de la Neustrie (de la Somme à la Loire) sous le commandement de leurs ducs. Il exerçait sur les aristocrates des territoires du sud une autorité virtuelle. Par ailleurs, la Bretagne restait largement autonome et détachée du Regnum francorum. Le moine, (saint) Willibrord d’Ultrecht (vers 657-739), qui christianisait les Frisons et les Saxons, accorda à Pépin II de Herstal le titre de « protecteur de la religion ». À partir de ce moment, les Pippinides eurent des contacts avec la papauté.

Les troubles étaient maximales. Clovis IV (ou III si on ne tient pas compte de l’usurpateur) (vers 677-694), fils de Thierry III, devint roi des Francs de 691 à 695. Son frère Childebert IV (ou III si on ne tient pas compte de l’Adopté) (vers 683-711), lui succéda entre 694 et 711. Ce dernier était littéralement enfermé au sein de son palais. Son fils, Dagobert III (vers 699-715), roi des Francs de 711 à 715 lui succéda brièvement.

L’avènement des maires du palais (639-751)

Clotaire II (584-629), roi de Neustrie de 584 à 613, puis des Francs de 613 à 629, nomma Pépin Ier de Landen, maire d’Austrasie de 615 à 629. Il fut disgrâcié par Dagobert Ier, roi d’Austrasie de 629 à 632, puis des Francs de 632 à 639, qui le remplaça par Adalgisel (?-après 648), maire du palais d’Austrasie de 634 à 639.

Aux VIIe-VIIIe siècles, les « rois fainéants » se contentèrent d’aller de domaine en domaine, suivis d’une escorte de chars dans lesquels toute leur cour s’entassait sans ordre. Le roi mérovingien n’était plus qu’un fantoche. Les maires du palais exercèrent la réalité du pouvoir en Gaule au sein des trois royaumes.

Grimoald Ier accrut le pouvoir des Pippindes à un tel point que les évêques préféraient se placer sous sa protection que sur celle du roi. Il tenta en un coup d’État en faisant adopter son fils, Childebert III l’Adopté (?-662) par Sigebert III. Il devint roi d’Austrasie entre 656 et 662. Ébroïn s’y opposa. Il fit tuer Childebert III en 662, et plaça le frère de Clotaire III, Childéric II sur le trône d’Austrasie. Le plan de Grimoald Ier échoua parce que les esprits n’étaient pas prêts au changement dynastique.

Peu à peu, à la faveur des désordres, de l’avènement de rois incompétents, et du rôle croissant de l’aristocratie, dont ils étaient issus, les maires du palais devinrent de véritables « premiers ministres » qui réussirent à imposer leurs volontés aux Mérovingiens dès la seconde moitié du VIIe siècle. Dès lors, tous les pouvoirs glissèrent entre leurs mains d’autant qu’ils devinrent chef des soldats du roi, de la truste royale et chef de l’aristocratie. Dit autrement, ce furent de véritables rois sans titre. Par ailleurs, ce n’était pas le roi qui choisissait son maire du palais, mais l’aristocratie qui imposait au roi son candidat, qui allait la représenter et commander.

Malgré l’opposition de la noblesse, la mairie du palais tendit à devenir héréditaire. En Austrasie, elle fut attribuée aux membres de la famille des Pippinides par exemple. La bataille de Tertry en 687 vit triompher les Pippinides, les maires du palais d’Austrasie, sur les maires du palais de Neustrie et de Bourgogne. Désormais, il n’y eut qu’un maire du palais pour l’ensemble des trois royaumes des Francs. Les Pippinides affirmèrent la suprématie de la titulature de maire du palais du celle du roi. Ainsi, la dynastie des Pipinnides reprit l’idée à son compte de Regnum francorum en transformant la fonction de maire du palais en une fonction héréditaire. À partir du VIIIe siècle, les Pippinides devinrent les rivaux du roi. Leur ascension se fit en trois générations : 1. Pépin de Herstal (vers 640-714) ; 2. Charles Martel (vers 685-741) ; 3. Pépin le Bref (vers 715-768).

Pépin II de Herstal était polygame et eut deux femmes, Plectrude (vers 650-après 717) et Alpaïde (660-705/714). Ses héritiers potentiels s’affrontèrent (Fig. 15.2). En 714, suite à l’assassinat de Pépin II de Herstal, Plectrude fit enfermer Charles de Herstal, fils d’Alphaïde. Il s’échappa et forma sa propre armée. Entre 714 et 719, il chercha à prendre le pouvoir. Le combat fit littéralement à coup de rois mérovingiens. Plectrude inventa un descendant à Childéric II, Chipéric II (670-721), présenté comme un arrière-petit-fils de Dagobert Ier, mais vraisemblablement un neveu de Thierry III, qu’elle plaça roi de Neustrie et de Bourgogne de 715 à 719, puis roi des Francs de 719 à 721. Parallèlement, Charles de Herstal choisit Clotaire IV (vers 685-719), fils de Thierry III, roi d’Austrasie de 717 à 719. En 719, il devint duc des Francs, comme son père. Aux alentours de 720, Charles de Herstal s’imposa en Austrasie, puis en Neustrie et en Bourgogne. Il imposa le fils de Dagobert III, tout juste sorti d’un couvent, Thierry IV (vers 713-737), roi de tous les Francs de 721 à 737. « Toutefois, le légitimisme était encore assez fort pour empêcher Charles Martel de prendre pour lui le titre royal » (Robert Folz 1910-1996). Pourquoi cet attachement à la dynastie mérovingienne ? Est-ce une survivance du paganisme ? Toutefois, l’explication la plus simple était qu’un roi sans pouvoir était le jouet des grandes familles franques ; c’était un instrument politique intéressant.

Les grands de Neustrie et d’Austrasie s’affrontaient toujours dans une mêlée confuse. En 723, Arnulf (?-723), Pépin (?-723) et Godefried (?-723), fils de Drogon (?-708), le demi-frère de Charles de Herstal, se révoltèrent contre leur oncle Charles de Herstal, qui fut sans pitié avec ses neveux. Par ailleurs, Charles de Herstal avait toujours des difficultés avec certains évêques. Il créa un réseau de troupes de choc, les vassi dominici, qui affirmèrent son pouvoir dans tout le Regnum francorum. En échange, Charles de Herstal leur donnait des terres afin de les rémunérer. Entre 719 et 732, les Arabes, à partir de la Septimanie qu’ils conquirent facilement (Nîmes, Carcassonne, Narbonne) en 719, lancèrent des raids dans le sud de la Gaule. En 721, Eudes d’Aquitaine défendit Bordeaux, et repoussa le raid arabe. Toutefois, les Arabes remontaient également la vallée du Rhône. En 725, Autun fut pillée. Grâce à ces raids, Charles de Herstal put refaire l’unité franque.

En 731, le wali de Tolède, Abd ar-Râhman (?-732), lança une attaque contre le Regnum francorum. En 732, il prit Bordeaux ; Eudes d’Aquitaine dut faire appel à Charles de Herstal, tandis qu’Abd ar-Râhman se dirigeait vers Tours où il pilla le monastère de Saint-Tours, le plus riche d’Europe. Cet événement choqua profondément les Francs : piller un monastère était honteux, et ce fut à Tours que Clovis Ier avait été proclamé consul en 508. Cet événement était l’occasion pour Charles de Herstal de rassembler la chrétienté franque, et de montrer aux yeux de tous incapacité de la dynastie mérovingienne en place. La victoire de Charles, devenu « Martel », car il avait vaincu les Arabes, à Poitiers en 732, était un signe manifeste de Dieu sur terre. (Saint) Boniface de Mayence (vers 675-754) souhaitait une alliance entre les Pippinides et la papauté. Vers 735, le pape avait des problèmes avec les Lombards. Ne pouvant plus compter sur l’empereur d’Orient, il fit appel à Charles Martel, mais ce dernier, pour des raisons politiques internes, ne put quitter le Regnum francorum pour venir en aide au pape.

Toutefois, en guise de sa bonne foi, il aida Boniface de Mayenne à christianiser la Germanie, notamment en finançant la construction de l’abbaye de Fulda en 744 via son fils Carloman (vers 710-754), futur maire du palais d’Austrasie, et donna de bonnes paroles au pape. Après Poitiers, Charles Martel reprit Bordeaux en 732, força les Arabes à quitter la vallée du Rhône et la Provence, mais il échoua dans sa tentative de conquête de la Septimanie devant Narbonne. La valeur guerrière et le sens politique de Charles Martel ne furent jamais été contestés, mais l’importance de la victoire de Poitiers fut discutée. A-t-elle, selon la plupart des historiens, sauvé l’Europe de l’Islam ? S’est-elle réduite à un engagement du chef franc contre quelques poignées d’envahisseurs venus des Pyrénées ? Rien n’est certain. Les Arabes ne regardaient la Gaule que comme une source de profit. Gorgés d’or, les monastères étaient des proies faciles. Ce qui est indéniable, c’est que Charles Martel refit l’unité de la Gaule, du Regnum francorum.

En 737, Thierry IV mourut en laissant le trône vacant. Toutefois, Charles Martel décida de ne pas l’usurper. Mort à Quierzy (Quierzy-sur-Oise), le 22 octobre 741, les deux fils de Charles Martel, Carloman et Pépin le Bref (718-768), se partagèrent les mairies du palais. Carloman eut celle d’Austrasie et Pépin le Bref, celle de Neustrie comprenant la Bourgogne et la Provence. Ils choisirent de ne pas revêtir la dignité royale.

Ils durent combattre leur demi-frère, Griffon (vers 726-753), qui n’avait rien reçu. Ils le jetèrent en prison en 742. Il finit par devenir comte du Mans, comte de Paris et duc de Bavière de 748 à 753. Carloman et Pépin le Bref durent guerroyer contre le duc d’Aquitaine de 744 à 768, Waïfre (?-768). Ils réprimèrent les révoltes qui éclataient en Alsace, Saxe, Bavière et chez les Alamans entre 742 et 746. En 743, Carloman et Pépin le Bref estimèrent qu’un roi n’était pas inutile pour maintenir l’unité du Regnum francorum et calmer l’aristocratie rebelle. Ils installèrent sur le trône, Childéric III (vers 714-après 751), roi des Francs de 743 à 751. On ignore de qui il était le parent, mais il existe quatre hypothèses : Chilpéric II, Dagobert III, Thierry IV ou Clotaire IV. Il fut présenté par Carloman et Pépin le Bref comme l’héritier légitime des rois mérovingiens, c’est tout ce que l’on sait. Les deux frères gardèrent la réalité du pouvoir.

En 747, Carloman voulut réformer l’Église franque. Il dut abdiquer et fut enfermé dans le monastère du Mont-Cassin par les aristocrates d’Austrasie, et remplacé par son fils Drogon (entre 730 et 735-après 753), jusque 753. De plus, Griffon fut libéré après l’abdication de Carloman, et se réfugia en Bavière. Entre 748 et 749, Pépin soumit la Bavière, qui fut fidèle aux Francs jusqu’à l’avènement de Tassilon III (vers 741-après 794) en 763, duc de Bavière de 748 à 788. Avec le retrait de Carloman et sur conseil du pape, la fiction mérovingienne devint inutile. Pépin concentrait toute l’autorité réelle sur le Regnum francorum. Le pape de 741 à 752, (saint) Zacharie (741-752), déclara : « Mieux vaut appeler roi celui qui possédait le pouvoir ». En 751, Pépin déposa et enferma dans un monastère, après l’avoir tondu, Childéric III. On suppose qu’il y mourut en 754, mais il disparut simplement des sources ; on ignore ce qu’il devînt. La dynastie mérovingienne s’éteignit, tandis que la dynastie carolingienne commençait. La déposition fut le résultat d’un long processus que les Pippinides avaient entamé avec Grimoald Ier en 656. Il leur fallut près d’un siècle pour s’imposer à tout le Regnum francorum. La mainmise sur la réalité du pouvoir par les maires du palais fut plutôt bénéfique à la Gaule mérovingienne. En effet, ce furent souvent de véritables chefs d’État, mais également des hommes habiles, et il le fallait, car leur situation entre le roi et l’aristocratie n’était pas toujours facile. Ils réussirent à maintenir l’intégrité du domaine franc, et même, parfois, à reconstituer l’unité des trois royaumes toujours partagés entre les descendants du roi. Ils assuraient la continuité de l’État, alors que les rois se succédaient après, souvent, de courts règnes.

Voilà comment on pouvait devenir roi à la place du roi ! Ce fut une emprise familiale, donc collective. Chacun des Pippinides permit l’ascension finale. Dans un prochain post, je vous expliquerai comment de roi on peut devenir empereur.

Maxime Forriez.

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