La maison romaine vue par Vitruve
Date de publication : 22/10/2020
La maison romaine sera ici étudié à travers l’abrégé de Cetius Faventinus et le livre VI de Vitruve (81-15 a.-C.).
Vitruve écrivit au Ier siècle a.-C.. Il servit en Gaule et en Hispanie sous le commandement de César (100-44 a.-C.) en tant qu’ingénieur militaire. Il obtint une pension après son service, et rédigea De Architectura qu’il dédia à l’empereur Auguste (63 a.-C. - 14 p.-C.). Les Dix livres d’architecture de Vitruve constituent l’unique témoignage théorique qui nous soit parvenu de l’Antiquité sur l’art de composer et de bâtir les édifices, dont la maison privée. Le plus anciens des manuscrits qui nous soit parvenu date du VIIIe siècle p.-C. et est conservé à Londres au British Museum. Il faut préciser que les copistes du Moyen Âge avaient négligé de reproduire les dessins. Le premier traducteur français fut Claude Perrault (1613-1688), frère cadet de l’écrivain, Charles Perrault (1628-1703). Elle fut corrigée par Charles Nisard (1808-1889) en 1857.
Cetius Faventinus (?-?) semble avoir rédigé son abrégé de Vitruve au IIIe siècle p.-C. Il est connu par quatre inscriptions, mais on ne sait pas grand chose de lui. Le plus ancien des manuscrits conservé date du IXe-Xe siècle p.-C.
À partir de ces textes, nous pouvons préciser quelles étaient les caractéristiques de la maison romaine ?
La maison urbaine se distingue de la maison rurale. Au niveau de son aspect extérieur, les matériaux utilisés sont le sable, la chaux, les briques et le bois. Les cours des maisons sont de cinq types : (1) la cour toscane, (2) la cour corinthienne, (3) la cour tétrastyle, (4) la cour découvert sans auvent pour se protéger du soleil, mais elle est plus commode en hiver, et (5) la cour voûtée lorsqu’il y a peu d’espace afin de donner l’impression d’une étendue plus grande aux appartements des étages supérieures. « Les péristyles doivent être plus longs en travers de la troisième partie » (Vitruve). Il existe une proportionnalité de l’ensemble de l’édifice avec toutes les parties qui le composent.
L’aspect intérieur des maisons urbaines est varié. Il existe trois types de vestibules qui doivent avec une longueur et une largeur de proportion différente : (1) la longueur divisée en cinq parties et la largeur en trois parties ; (2) la longueur divisée en trois parties et la largeur en deux parties ; (3) le carré équilatéral. La largeur des portes est proportionnée à leur hauteur selon les règles des différents ordres. « Les salles à manger doivent être aussi longues que larges » (Vitruve). « Si les grandes salles et les cabinets de conservation sont carrés, on leur donnera pour hauteur une fois et demi leur largeur » (Vitruve). « Les cabinets de tableaux doivent être amples et spacieux » (Vitruve). Les pièces doivent être d’une hauteur basse, car cela permet la conservation de la chaleur. Les grandes salles tournées au nord avec vue sur le jardin doivent : (1) avoir des portes au milieu ; (2) être assez large pour contenir deux tables à trois avec de la place pour le service ; (3) avoir des fenêtres à droite et à gauche. La hauteur des salles doivent mesurer une fois et demi leur largueur. Les pièces que l’on pouvait trouver dans une maison urbaine romaine sont : la salle à manger d’hiver, les bains, les chambres à coucher, la bibliothèque, la salle à manger pour le printemps et pour l’automne, la salle à manger pour l’été, les cabinets de tableaux, les ateliers de brodeurs et les ateliers de peintres. La salle à manger d’hiver et les bains sont orientés vers le soleil couchant (ouest). Ce sont les derniers lieux utilisés avant d’aller de se coucher lors des jours courts. Les chambres à coucher, la bibliothèque et la salle à manger pour le printemps et pour l’automne sont orientés vers le soleil levant (est). Les chambres à coucher doivent l’être pour faciliter le réveil, la bibliothèque pour la conservation des livres (lutte contre l’humidité) et la salle à manger pour le printemps et pour l’automne pour la conservation de chaleur lors de jours moyennement longs. La salle à manger pour l’été, les cabinets de tableaux, les ateliers de brodeurs et les ateliers de peintres sont orientés au septentrion (nord). La salle à manger pour l’été doit l’être pour la fraîcheur, tandis que les cabinets de tableaux, les ateliers de brodeurs et les ateliers de peintres pour la conservation des couleurs.
La maison urbaine reflétait la hiérarchie sociale de la société romaine. « L’art et l’industrie peuvent remédier à ce que la nature du lieu a d’incommode, et que dans chaque région l’on donne une température convenable aux habitations, par une exposition habilement appropriée à leur position sur la terre » (Vitruve). Il y avait des pièces réservées aux maîtres de maison et à l’étranger. La cour, le vestibule et le péristyle étaient par contre des lieux publics. Les agriculteurs et les revendeurs de récoltes pouvaient aller dans l’entrée de la maison au niveau des étables et des boutiques. Ils pouvaient aussi à l’intérieur de la maison dans les caves, les greniers et les celliers. Les financiers et les commerçants disposaient de bâtiments fermés aux voleurs. C’étaient des pièces qui étaient bien décorées. Les avocats et les savants avaient des demeures très bien décorées afin d’organiser des réceptions. Les magistrats et les hommes d’affaire rivalisent avec des édifices publics (vestibules, grandes salles, péristyles spacieux, jardins avec de longues allées d’arbres, bibliothèques, galeries de tableaux, basiliques, salle pour une assemblée, salle pour un tribunal).
Tout comme dans les villes, la maison rurale se devait d’être bien positionnée. Conformément au fait hippocratique, il fallait prendre la position la plus saine possible par rapport aux vents et à l’ensoleillement, par rapport à l’eau et par rapport à cinq facteurs naturels (les saisons, les vents, les eaux, la nature du sol et le régime sur les habitants). La position des vents et du soleil favorisait la vie des hommes. Les quatre expositions principales avaient une influence sur le climat. Les saisons étaient liées au corps humain. La meilleure position était à l’est avec un vent chaud. La villa romaine était perçue comme une « petite ville » : il devait y avoir tout à l’intérieur.
Au niveau de son aspect extérieur, la grandeur de la maison était proportionnée aux terres qui en dépendaient et aux récoltes que l’on y recueillait. La grandeur de ses cours et leur nombre était liée à la quantité de bétail et à la quantité des charrues. Les moulins et les granges devaient être construits loin de la maison afin d’éviter le risque d’incendie, les graines en fermentant deviennent hautement explosives. Mis à part ces détails, le reste de la villa était construit en suivant les règles d’une maison urbaine.
À l’intérieur de la maison rurale, la cuisine devait être construite dans l’endroit le plus chaud de la cour. Près de la cuisine, les bains étaient construits afin de le chauffer facilement. De plus, près de la cuisine, il devait y avoir un pressoir à huile d’olive orienté au sud. Le vin était conservé dans un cellier avec des fenêtres tournées vers le nord. La cheminée ne devait pas être construite près des animaux, car ils ont peur du feu.
Pour conclure, il est possible de déterminer quelques caractéristiques générales de la maison romaine. Le premier point est le rôle central et déterminant de l’eau dans le positionnement de la maison. Le deuxième point est l’importance du site. Vitruve partait d’un constat : toutes les maisons n’étaient pas identiques autour de la Méditerranée. « Il faut que la disposition des bâtiments réponde à la diversité des pays et des climats » (Vitruve). Il classa les maisons en fonction de la localisation des habitants. Dans les pays septentrionaux, les bâtiments étaient voûtés avec peu d’ouvertures. Les maisons étaient tournées vers le sud (pour la chaleur). Dans les régions chaudes et méridionales, les grandes ouvertures étaient tournées vers le nord (pour la fraîcheur). « L’art et l’industrie peuvent remédier à ce que la nature du lieu a d’incommode, et que dans chaque région l’on donne une température convenable aux habitations, par une exposition habilement appropriée à leur position sur la terre » (Vitruve). Cette idée était une vieille idée d’Hippocrate pour qui la nature du corps humain est différente en fonction des peuples. La position était également liée aux astres, c’est-à-dire aux dieux. Le troisième point était l’importance des proportions, car, pour les Romains, la symétrie était synonyme de beauté.
Maxime Forriez.
Sources :
Cetius Faventinus, 2001, Abrégé d’architecture privée, trad. Marie-Thérèse Cam, Paris, CUF, Les Belles Lettres.
Vitruve, 1999, Les dix livres d’architectures, trad. Claude Perrault, Paris, Errance.
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