La mort à Pompéi : les différentes nécropoles
Date de publication : 13/10/2020
Ce post s’inscrit dans une série présentant le rapport à la mort dans une cité provinciale romaine.
Il résume les travaux de maîtrise de Maryvonne Leprêtre intitulé La mort à Pompéi. La voie des tombeaux (1999) sous la direction de J.-N. Corvisier. Sa problématique cherchait à répondre à trois questions. (1) Quelles sont les caractéristiques des nécropoles pompéiennes ? (2) Comment se définissent les tombes ? (3) Comment est perçue la mort à Pompéi ?
Pompéi est un arrêt sur image de la civilisation romaine du début du Ier siècle p.-C. Il s’agit d’un lieu rempli d’éléments du quotidien qu’archéologues et historiens décortiquent minutieusement depuis sa découverte. L’étude des nécropoles pompéiennes permet de comprendre le rapport à la mort des Romains du quotidien.
La perception de la mort des Pompéiens est, pourrait-on dire, ago-antagoniste, c’est-à-dire que la localisation des nécropoles marque un lien entre le monde des vivants et le monde des morts, tout en s’opposant entre eux. À Pompéi, il existe cinq nécropoles. Leur localisation est fondamentale. Elles se répartissent sans ordre apparent autour (ou sous) les axes pénétrants de la ville. Cela correspond bien à ce que nous écrivait Cicéron : « L’homme mort, qu’on l’ensevelisse ni le brûle dans la ville. » À Pompéi, les nécropoles se trouvent au niveau de cinq portes : la porte d’Herculanum, la porte de Nocera, la porte de Nola, la porte de Stabies et la porte du Vésuve.
Les tombes de la porte d’Herculanum furent « fouillées » entre 1763 et 1838. L’usage des guillemets s’impose, car les méthodes de fouilles scientifiques furent mises en place à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. À l’époque, on cherchait des trésors, et non à construire une étude archéologique détaillée. Toutefois, on sait que les tombes sont de nature hellénistique ou romaine et que la nécropole se compose de deux cimetières, datés entre 80 a.-C. et 79 p.-C. (date de l’éruption du Vésuve). C’était par conséquent l’une des nécropoles en activité au moment où la ville fut figée dans le temps.
La nécropole de la porte de Nocera fut fouillée entre 1951 et 1961. Les tombes sont en forme de socle surmontées d’un autel. Le cimetière date de la fin de l’époque républicaine ou de la fin de la période des Julio-Claudiens. C’était également une nécropole active au moment de l’éruption.
La nécropole de la porte de Nola a été peu étudiée, car elle fait partie de la réserve archéologique de Pompéi. On y a trouvé 36 urnes cinéraires, indiquant qu’il s’agit de tombes de gens modestes, voire pauvres. Le nom du mort est inscrit sur le mur du colombage. Les matériaux datant de 79 p.-C., on suppose qu’il s’agit également d’une nécropole active lors de l’éruption.
La nécropole de la porte de Stabies fut fouillée entre 1911 et 1916. On y trouva 44 tombes samnites entourées d’une enceinte funéraire quadrangulaire de 400 m². Le cimetière est très loin du centre historique de la ville. Dit autrement, les Samnites, premiers habitants de Pompéi avant la conquête romaine de l’Italie, construisaient-ils des nécropoles relativement éloignées des habitats ? Vu le peu d’informations que nous fournissent les sources romaines, la donnée archéologique est capitale. On y trouva également 119 tombes romaines, datées entre le IVe siècle a.-C. et la fin de 50 p.-C. De fait, Pompéi est-elle devenue romaine au IVe siècle a.-C. ? Cela serait logique puisque la campagne romaine contre la Campanie se déroula en 310 a.-C., date à laquelle elle devint romaine. Dans les cités conquises, il devait probablement y avoir Pompéi. Par la suite, la ville s’est-elle étendue vers le cimetière samnite ? La progression de la ville en tache d’huile en suivant les axes pénétrants est un processus connu en géographie. L’hypothèse n’est de fait pas à écarter.
La nécropole de la porte du Vésuve n’a pas été fouillée à ce jour, car elle fait, comme la nécropole de la porte de Nola, partie de la réserve archéologique. On sait juste que les tombes datent du IIe siècle et du IIIe siècle p.-C. Cela pose une question non résolue à ce jour. Y a-t-il eu une nouvelle Pompéi après l’éruption du Vésuve ? Suspense ! On ne le saura que lorsque nous fouillerons la nécropole en détail...
Maxime Forriez.
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