Dernière mise à jour : le 14 octobre 2015

Guerre et paix dans le monde (1914-1949)
Cours écrits et réalisés par Maxime Forriez (2015)

L'Europe en 1914 (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 4 [Collection Histoire Louis Girard])

    La période allant de 1815 à 1914 est une période de paix relative en Europe. La diplomatie a su résoudre la plupart des conflits et différends. Malgré les tensions quasi-permanentes, le souvenir des campagnes napoléoniennes avait profondément calmé le désir de guerre en Europe.

    Cela étant, entre 1905 et 1914, l’Europe a connu quatre crises graves, rendant une guerre à échelle industrielle inévitable. Deux crises étaient d’origine coloniale ; elles concernaient le Maroc ; deux crises étaient d’origine balkanique.

octobre 1905-avril 1906 Première crise marocaine
27 mai 1911-30 mars 1912 Seconde crise marocaine
13 octobre 1912-3 décembre 1912 Première guerre balkanique
3 février 1913-10 août 1913 Seconde guerre balkanique. La Serbie triomphe sur la Bulgarie. L’Autriche-Hongrie souhaite intervenir, mais elle est empêchée par l’Allemagne et par l’Italie. La Serbie agrandit considérablement son territoire avec l’annexion du Monténégro, et l’Albanie a été créée à cette occasion. L’Empire ottoman perd ses derniers territoires européens au profit de la Bulgarie, de la Roumanie et de la Grèce. Elle ne dispose plus que d’une poche autour de Constantinople.
Les grandes crises internationales de 1905 à 1914

Les crises balkaniques de 1912 à 1913 (Source : M. Chaulanges & M. Pevsner, 1966, Histoire - Seconde technique, Paris, Delagrave, p. 127)

    Progressivement, on s’habitue à l’idée d’une guerre inévitable. Après la seconde crise balkanique (1913), les États ont opéré une course à l’armement aussi bien terrestre que naval. La course aux armements terrestres se joue principalement entre la France et l’Allemagne, tandis que la course aux armements navals se joue entre l’Allemagne et le Royaume-Uni. D’ailleurs, en 1909, l’Allemagne est devenue la seconde puissance navale du monde après le Royaume-Uni.

    Il est à noter que la rivalité économique britanno-allemande semble n’avoir joué aucun rôle dans le déclenchement de la guerre, d’autant que l’Europe connut une croissance économique importante entre 1909 et 1913. Ainsi, il faut trouver d’autres éléments pour expliquer le désir de guerre.

Armée Effectif
France 750 000 hommes
Allemagne 800 000 hommes
Russie 1 300 000 hommes
Autriche-Hongrie 350 000 hommes
Italie 275 000 hommes
Royaume-Uni 170  000 hommes, dont 110 000 dans ses colonies
Les forces terrestres en présence en temps de paix (1913)
Royaume-Uni Allemagne
Nombre de cuirassés 64 64
Nombre de croiseurs de bataille 10 10
Nombre de petits croiseurs 108 108
Les forces navales en présence en temps de paix

    Les rivalités politiques concernent trois terrains principaux : l’Alsace-Lorraine, les Balkans et les colonies. Au XXe siècle, la rivalité franco-allemande sur l’Alsace-Lorraine s’est atténuée. Les tensions frontalières sont fréquentes, mais l’idée de « guerre de revanche » a à peu près disparu. Entre 1904 et 1911, les rivalités coloniales ont été à peu près toutes éliminées. Par ailleurs, aucun dirigeant allemand ne souhaitait déclencher une guerre pour une « redistribution » des colonies. La rivalité austro-russe dans les Balkans est la principale cause de friction. Les peuples slaves, principale composante de l’Autriche-Hongrie, souhaitaient leur indépendance, ou, du moins, leur autonomie. Cela supposait l’éclatement de l’immense Empire austro-hongrois, ce qui était inacceptable pour ce dernier évident. L’indépendance de la Serbie permettait aux slaves du sud (ou yougoslaves) présents dans l’Autriche-Hongrie, d’avoir un allié suffisamment puissant pour leur permettre de rêver à l’indépendance. L’Autriche-Hongrie n’a jamais pu envahir la Serbie, car celle-ci était l’alliée des slaves du nord (les Russes).

    Par le jeu des alliances, la troisième crise balkanique a déclenché une nouvelle guerre généralisée à toute l’Europe.

    La Triple Entente est composée :

  • la France ;

  • le Royaume-Uni ;

  • la Russie.

    Le 8 avril 1904, l’Entente cordiale franco-britannique est signée. C’est la première fois depuis le Moyen Âge que la France et le Royaume-Uni s’entendent. Le 24 juillet 1905, l’alliance franco-russe est signée. En 1909, une Entente est signée entre la Russie et le Royaume-Uni. Désormais, on parle de Triple Entente.

    La Triple Alliance est composée :

  • l’Allemagne ;

  • l’Autriche-Hongrie ;

  • l’Italie.

    La Triple Alliance (ou Triplice) a été créée le 20 mai 1882 unissant les trois États cités. L’adhésion de l’Italie à la zone germanique peut paraître paradoxale, vu les tensions entre elle et l’Autriche-Hongrie au sujet des terres irrédentes. Cependant, l’objectif de l’alliance était de maintenir la paix dans les Balkans entre l’Autriche-Hongrie et l’Italie, afin de constituer une gigantesque barrière entre la zone germanique et la France.

28 juin 1914 Assassinat de l’archiduc héritier du trône d’Autriche-Hongrie, François-Ferdinand, à Sarajevo par un nationaliste bosniaque Prinzip, membre de la « Main Noire », une organisation serbe.
5 juillet 1914 L’Allemagne soutient l’Autriche-Hongrie quoi qu’elle décide.
23 juillet 1914 L’Autriche-Hongrie soumet un ultimatum inacceptable à la Serbie en menaçant sous autonomie.
L’objectif est de localiser le conflit à l’Europe centrale.
25 juillet 1914 La Serbie rejette un seul point de l’ultimatum (celui concernant sa perte d’autonomie). La Russie la soutient officiellement.
L’Autriche-Hongrie considère qu’il s’agit d’un refus de la part des autorités serbes.
28 juillet 1914 Malgré de vaines tentatives pour éviter la guerre, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie.
La Russie, alliée de la Serbie, mobilise alors partiellement ses troupes.
30 juillet 1914 Une nouvelle tentative de paix échoue. La Russie mobilise totalement ses troupes.
31 juillet 1914 Deux ultimatums sont adressés à la Russie et à la France.
Jean Jaurès est assassiné en France, mettant fin au courant pacifique.
1er août 1914 La France et l’Allemagne mobilisent leurs troupes respectives.
L’Allemagne déclare la guerre à la Russie.
2 août 1914 L’Allemagne conclut un accord secret avec l’Empire ottoman.
3 août 1914 L’Allemagne déclare la guerre à la France, puisque celle-ci ne le faisait pas.
L’Allemagne envoie un ultimatum à la Belgique lui imposant le laissez-passer des troupes allemandes sur le territoire belge. Le gouvernement belge refuse.
Le Royaume-Uni fait savoir qu’il soutiendra la Belgique et la France.
L’Italie et la Roumanie, alliées des empires centraux, se déclarent neutres.
4 août 1914 Suite à l’invasion de la Belgique, le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne.
Chronologie de la crise de l'été 1914
  1. Analyse thématique de la Première Guerre mondiale

  2.     Lorsque la guerre éclate, tout le monde croît à une guerre courte. Cependant, on passa rapidement d’une guerre de mouvement (été 1914) à une guerre de position (automne 1914), et ce sur tous les fronts (ouest, sud et est). Le front s’immobilise en tranchées. Jusque le Printemps 1918, toute la guerre s’organise autour de percées, des deux côtés de la ligne de front, mais il n’y a eu aucun assaut général.


        Remarque. Les tranchées ont été inventées lors de la guerre de Crimée (1854-1856).


        On passa d’une guerre de position (automne 1914) à une guerre de mouvement (mars 1918), grâce à la fin du front est et l’entrée massive des troupes américaines.

    Août 1914 Les Autrichiens envahissent la Serbie.
    Les Russes envahissent par l’est l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. Ils vainquent les Autrichiens.
    Les Français pénètrent en Alsace.
    Les Allemands pénètrent en France par la Belgique après avoir battu les Français et les Britannique.
    23 août 1914 Le Japon entre en guerre contre l’Allemagne. Il refuse d’intervenir en Europe. Son objectif est de détruire uniquement les forces allemandes présentes en Extrême-Orient. Cela lui permet de pénétrer en Chine et dans le Pacifique.
    26-30 août 1914 Bataille de Tanneberg. Les Allemands stoppent l’avancée russe.
    Septembre 1914 Les Allemands sont stoppés à 40 km de Paris. Le gouvernement d’union sacrée se replie à Bordeaux. Les Allemands et les Français s’affrontent dans la Marne.
    Les Français sont stoppés en Alsace.
    Allemands et Français mènent alors une « course à la mer ».
    Les Russes sont stoppés aux portes de l’Allemagne.
    6-13 septembre 1914 Première bataille de la Marne. Les Français stoppent les Allemands.
    Septembre 1914-novembre 1914 « Course à la mer ». Fixation du front à l’ouest.
    29 octobre 1914 Entrée en guerre de l’Empire ottoman du côté des Empires centraux. L’Empire ottoman craignait que la Russie n’utilisât les Détroits à son profit. L’Allemagne a un accès, via l’Empire ottoman au canal de Suez.
    Décembre 1914 Les Serbes repoussent les Autrichiens.
    Février-novembre 1915 L’expédition britannique des Dardanelles est un échec. Les Britanniques ont bombardé le détroit, sans succès, suite à l’entrée en guerre de la Bulgarie au côté des Empires centraux. Le corps expéditionnaire a été décimé sur la presqu’île de Gallipoli.
    23 mai 1915 Entrée en guerre de l’Italie du côté de l’Entente (accord de Londres). L’Italie y voit l’occasion de récupérer les terres irrédentes (Trentin et Istrie).
    Juin-juillet 1915 Les Russes reculent de 250 km sur le front est. Fixation du front à l’est.
    Tentative d’une percée française en Champagne et en Artois. Échec important. 348 000 hommes sont tués.
    21 septembre 1915 Entrée en guerre de la Bulgarie du côté des Empires centraux. Elle est prorusse, mais elle souhaite récupérer la Macédoine. Invasion de la Serbie par l’est. Débarquement français en Grèce.
    21 février – 19 décembre 1916 Bataille de Verdun. 300 000 morts et 430 000 blessés.
    16 mai 1916 Accords Sykes-Picot entre la France et le Royaume-Uni partageant l’Empire ottoman.
    17 août 1916 Entrée en guerre de la Roumanie du côté de l’Entente. Elle souhaite obtenir la Transylvanie hongroise.
    21 novembre 1916 Mort de l’empereur François-Joseph. Avènement de Charles Ier qui souhaite une paix rapide avec l’Entente. Cette tentative échoue en 1917.
    1er février 1917 Début de la guerre sous-marine à outrance menée par l’Allemagne contre les Britanniques
    Février 1917 Révolution bourgeoise en Russie
    6-7 avril 1917 Entrée en guerre des États-Unis contre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie
    16 avril – 24 octobre 1917 Chemin des Dames. 30 000 morts en 48 heures.
    Mai-juin 1917 Mutineries en France suite à l’échec du Chemin des Dames.
    Septembre 1917 Fin de l’union sacrée en France.
    Octobre 1917 Révolution communiste russe. Fin du front est.
    2 novembre 1917 Déclaration Balfour au sujet de la Palestine.
    8 janvier 1918 Publication des Quatorze points de Wilson
    3 mars 1918 Traité de Brest-Litovsk. Fin de la guerre entre l’Allemagne et la Russie. Les troupes mobilisées pour ce front sont rapatriées vers le front ouest (en France).
    Mars-juillet 1918 Seconde bataille de la Marne. L’emploi massif de chars et d’avions fait reculer les Allemands.
    Septembre 1918 Le général Foch, commandant de l’Entente, lance une offensive générale sur tous les fronts (ouest et ce qui restait du front est au niveau des Balkans).
    29 septembre 1918 Armistice en Bulgarie
    30 octobre 1918 Fin des combats pour l’Empire ottoman
    Octobre 1918 Chute de l’Empire austro-hongrois qui éclate en une multitude d’États indépendants.
    Reconnaissance de la défaite en Allemagne
    3 novembre 1918 Fin des combats à l’ouest et au sud
    9 novembre 1918 Abdication de l’empereur allemand Guillaume II. Proclamation de la République allemande de Weimar.
    11 novembre 1918 Armistice franco-allemand signé à Rethondes (en forêt de Compiègne)
    Chronologie de la Première Guerre mondiale (1914-1918)

    Le front occidental en 1914 (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 16 [Collection Histoire Louis Girard])

    Le front occidental en 1918 (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 30 [Collection Histoire Louis Girard])

    Les fronts orientaux de 1914 à 1918 (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 24 [Collection Histoire Louis Girard])

    1. La vie dans les tranchées

    2.     Les « poilus » creusent des tranchées. La guerre s’y installe. Les forces s’équilibrent.

          Les conditions de vie sont pénibles pour les soldats. Les soldats pataugent dans la boue et les cadavres. La présence des morts amène toute sorte de parasites, les poux et les rats, qui véhiculent toute sorte de maladies. Par ailleurs, l’hiver 1916 est l’un des froids enregistrés en Europe au XXe siècle.

          La guerre est totale et permanente. Les soldats vivent dans la hantise des bombardements aériens, les premiers du genre, et les attaques au gaz « moutarde ». Les mitrailleuses peuvent tirer à n’importe quel moment. La peur permanente de la mort s’installe. Pour éviter les rébellions, le commandement militaire de chaque État belligérant doit faire régner une discipline de fer dans les tranchées.

    3. La vie de l’arrière-front : la mobilisation économique

    4.     Dans les premiers mois, on pense que, comme la guerre de 1870, les actions militaires seront de courtes durées (août-décembre 1914). Aucune organisation économique particulière n’est mise en place. La ligne de front se stabilise entre Dunkerque et Compiègne. Dit autrement, les Allemands contrôlent la zone qui contenait deux tiers du charbon français et la moitié de l’acier français. Cela étant, cet état de fait ne servira pas à l’Allemagne, car on manque de main-d’œuvre.

          Dès 1915, le blocus engendre également une guerre économique sans merci. Par ailleurs, une économie de guerre se met en place. Désormais, toutes les ressources économiques, financières et humaines de l’arrière-front sont mobilisées dans l’optique de gagner la guerre, et ce dans les deux camps. Cela se manifeste par des réquisitions. Par exemple, les usines sont réquisitionnées pour produire des armes. L’activité agricole diminuant, les denrées se font rares. Pour éviter des révoltes de la faim, un rationnement est mis en place ainsi qu’un contrôle des prix. Ainsi, dès 1915, l’économie libérale d’avant-guerre a été remplacée par une économie dirigiste, et ce dans tous les États belligérants.

          À partir de décembre 1914, l’économie s’organise pour faire face à la guerre. La guerre industrielle commence alors réellement. Cela se manifeste par deux faits : la programmation des fabrications et des mesures monétaires. Les premiers États à s’organiser sont l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie qui subissent un blocus depuis août 1914. Progressivement, la France et le Royaume-Uni sont obligés de le faire également. La France doit se mettre sous la tutelle économique du Royaume-Uni qui, peu touché sur son territoire par le conflit, peut continuer assurer une production d’armes.

          Tous les États mettent en place un ministère de l’armement. Les ouvriers sont mobilisés sur le front afin de constituer une main-d’œuvre supplémentaire. D’après les Conventions de Genève (1898-1907), les prisonniers de guerre peuvent travailler pour l’ennemi à deux conditions : ils doivent être volontaires et ils doivent être payés. Pour ces personnes, il s’agit surtout d’une occasion unique de sortir de prison et, en plus, de gagner de l’argent. Pendant la Première Guerre mondiale, ils servent surtout dans les travaux agricoles.

          Afin de garantir les gains de productivité, le travail dans les usines se taylorise. À l’exception de l’Italie, car le front italien est loin de son triangle industriel (Turin-Milan-Gênes), les États continentaux voient leur production diminuée, voire ravagée comme en France. À l’opposé, les États hors continent, comme le Royaume-Uni et les États-Unis, voient leur production augmentée. Le déclin économique européen laisse présager pendant la guerre à un nouveau monde.

          Seuls les États de l’Entente peuvent bénéficier d’importations de marchandise. C’est un atout qui leur fera sans doute gagner la guerre, car l’Europe n’est pas autosuffisante d’un point de vue agricole et du point de vue des matières premières (bauxite, étain, cuivre, fer, acier). Par exemple, pour faire des balles, il faut nécessairement du cuivre et du plomb. Lorsque l’on sait que 500 millions de balles ont été consommées pendant la guerre, l’accès aux importations est plus qu’un atout. C’est une arme de guerre, d’où la riposte allemande par une guerre sous-marine. On peut citer trois autres exemples. Pour faire des fils électriques, il faut du cuivre. Pour faire des trompettes, il faut du cuivre. Pour faire des batteries de chars ou de voitures, il faut du plomb.


          Remarque. La quantité de l’armement de la Seconde Guerre mondiale a coûté deux fois plus cher que la Première Guerre mondiale.


          La Première Guerre mondiale est la première guerre impliquant massivement les civils. Les civils subissent dans les zones occupées par l’ennemi : ses viols, ses pillages, ses exécutions sommaires, etc. La population arménienne dans l’Empire ottoman est accusée de sympathique pour l’Entente, alors que l’Empire ottoman est du côté des Empires centraux. Prétextant cela, les autorités turques organisent le premier génocide de l’histoire du XXe siècle. 1,5 million d’Arméniens ont été déportés et exécutés en 1915.

    5. La vie de l’arrière-front : la transformation sociale

    6.     La mobilisation économique engendre des transformations importantes au sein même de la société. Les femmes remplacent les hommes dans tous les activités : à l’usine, dans les administrations, dans les transports, dans les exploitations agricoles, etc.

          La France doit associer les syndicats à l’organisation des usines afin de maintenir la productivité. Elle suit l’exemple allemand. Les ouvriers en profitent pour obtenir de grandes avancées sociales. Par exemple, en Allemagne, les syndicats obtiennent la journée de 8 heures par jour, le jour de l’armistice le 11 novembre 1918.

          Pendant la guerre, le moral de la société est vital. Ainsi, rapidement, la liberté de la presse est remise en question. La censure est courante. La propagande, notamment autour de l’image de Marianne en France, remplace la véritable information de ce qu’il se passe sur le front. Cela étant, ces mesures n’empêchent pas la poussée pacifiste de 1917 dans les deux camps. 1917 est également l’année des grandes mutineries, sévèrement réprimées en France.

          La guerre transforme les mentalités. Le progrès lié au développement scientifique, le respect de la hiérarchie et les valeurs d’avant-guerre sont remis en cause. Elle engendre des mouvements artistiques tels que le surréalisme en France ou l’expressionnisme en Allemagne.

    7. La vie de l’arrière-front : les avancées technologiques

    8.     La mobilisation économique engendre l’apparition de nouvelles armes : le canon de tranchée, le lance-flammes, le gaz, les masques à gaz et les chars.

          À partir de 1915, un blocus est mené par l’Entente contre l’Allemagne qui repose par une nouvelle forme de guerre : la guerre sous-marine.

          En 1918, l’Allemagne a un certain retard par rapport à la production d’armement français, britannique et américaine. Cet état de fait provoque en partie sa chute.

    9. L’aspect mondial de la guerre

    10.     Les États coloniaux mobilisent leurs colonies (Afrique, Inde, Australie, Canada). Cette mobilisation intervient de manière humaine, financière et industrielle. D’une part, ils font appel aux troupes coloniales pour renforcer les effectifs après la douloureuse année 1916. En France, un recrutement colonial s’opère (Chinois, Sénégalais, etc.). D’autre part, ils mobilisent les ressources naturelles afin d’alimenter les économies de guerre de la France et du Royaume-Uni.

          L’Europe dominant le monde par ses colonies, le monde entier est en guerre. Par ailleurs, il faut noter que dès 1914 le Japon est lui aussi entré en guerre contre l’Allemagne, en tant qu’allié du Royaume-Uni depuis 1902. En 1918, seule l’Amérique du sud n’a pas été concernée de près ou de loin par la Grande Guerre.

  3. Relations internationales tendues de l’entre-deux-guerres

  4.     Le bilan de guerre est lourd : 10 millions de morts, dont 1 million de civils, 20 millions de blessés et d’invalides, les « gueules cassées », 4 millions de veuves et 8 millions d’orphelins. La France et l’Allemagne sont les plus touchés par cette saignée. Pour ne rien arranger, la « grippe espagnole » sévit l’hiver 1918 et décime une partie de la population européenne. La population européenne vieillit. La part des femmes et des inactifs augmente. D’un point de vue économique, il faut reconstruire des zones entières comme le nord de la France. L’horreur de la guerre laisse espérer que cela soit la der des der. D’un point de vue diplomatique, la guerre a engendré des grands bouleversements politiques.

    État belligérant vaincu Nom du traité Date
    Allemagne Versailles 28 juin 1919
    Autriche Saint-Germain-en-Laye 10 septembre 1919
    Bulgarie Neuilly 27 novembre 1919
    Hongrie Trianon 4 juin 1920
    Turquie Sèvres 10 août 1920
    Chronologie des traités de paix de la Première Guerre mondiale

    L'Europe en 1919 (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 59 [Collection Histoire Louis Girard])

    L'Europe des nationalités en 1919 (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, entre les pages 64 et 65 [Collection Histoire Louis Girard])

    État Mobilisés Morts
    Allemagne 13,0 millions 2,0 millions
    Russie 15,0 millions 1,7 million
    Autriche-Hongrie 9,0 millions 1,5 million
    France 8,3 millions 1,4 million
    Royaume-Uni 8,0 millions 0,8 million
    Italie 5,6 millions 0,5 million
    États-Unis 3,8 millions 0,1 million
    Bilan des pertes de la Première Guerre mondiale
    1. L’ordre international établi par le traité de Versailles du 28 juin 1919

    2.     La Conférence de la Paix se réunit à Versailles, dans la galerie des glaces, entre le 18 janvier et le 28 juin 1919. Elle réunit un total de 27 États, auxquels il faut ajouter les 5 dominions britanniques. La particularité est que les États vaincus (Allemagne, Autriche-Hongrie, Empire ottoman, Bulgarie, etc.) ainsi que la Russie, n’ont pas été invités. Les négociations ont lieu en français, langue internationale de l’époque, mais Woodrow Wilson (1856-1924) et Lloyd George (1963-1945) ont obtenu que l’anglais puisse être utilisé dans les négociations. Le premier des Quatorze points de Woodrow Wilson exige que le principe de transparence soit appliqué dans les négociations, mettant fin à la diplomatie secrète.

          Le traité de Versailles du 28 juin 1919 est le principal traité signé. Il concerne l’Allemagne. Elle perd un septième de son territoire, soit 90 000 km2, et de ses colonies. L’Alsace-Lorraine est rendue à la France. La Poméranie est intégrée à la nouvelle Pologne. Cependant, elle conserve la Prusse historique, coupée du reste de l’Allemagne par le couloir de Dantzig. La Rhénanie, région frontalière avec la France, est démilitarisé. L’armée allemande est limitée à 100 000 hommes (4 000 officiers et marins ; 15 000 hommes ; 1 500 officiers ; plus d’armée de l’air). L’Allemagne ne peut posséder ni tanks, ni artillerie lourde, ni aviation militaire. Des réparations de guerre pharaoniques sont exigées : 132 milliards de marks-or, versables en 30 annuités. Pour la France, l’Allemagne est la seule coupable de la guerre : elle doit payer. Il est à noter que d’autres traités ont été signés avec les alliés de l’Allemagne. À travers eux, le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes connaît un premier essai. L’Europe austro-hongrois est démantelé au profit de la Pologne, de la Roumanie et de l’Italie. De nombreux États pluriethniques sont créés : la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie. La Hongrie est créée.

          Les conditions de la paix sont inacceptables. Aucun État n’aurait pu vivre autrement un tel texte que comme une humiliation. Adolf Hitler (1889-1945) parlera du « diktat » de Versailles, c’est-à-dire d’une paix dictée. La paix de Versailles ne pouvait durer dans le temps. Cela étant, dès 1925, l’Allemagne a retrouvé assez de poids diplomatique pour redevenir une puissance qui compte.


          Remarque. Raymond Poincaré (1860-1934), le président de la République de 1913 à 1920, était originaire de Bar-le-Duc en Lorraine.

    3. Les années 1920, la reconstruction et les nouveautés

    4.     Les colonies allemandes et les territoires non turcs de l’Empire ottoman, c’est-à-dire principalement les territoires arabes, sont placés sous mandat français et britannique, respectant l’accord de Sykes-Picot (1916). La Palestine, placée sous mandat britannique, subit les atermoiements de la politique extérieure britannique. La déclaration du ministre des Affaires étrangères, Arthur Balfour (1848-1930) en 1917, promet ce territoire simultanément aux Juifs et aux Arabes. Elle provoque la venue massivement des Juifs en Palestine dans l’espoir de créer un « foyer national » du peuple juif.

      Le Proche-Orient de 1915 aux années 1930 (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 106 [Collection Histoire Louis Girard])

          La mise en place de la Société des Nations (S.D.N.), le 3 février 1919, a pour objectif de régler pacifiquement les conflits entre les États. Elle accueille 42 États, mais elle exclut les vaincus de la Grande Guerre et l’U.R.S.S. Elle est une première tentative d’émergence et de respect d’un droit international. L’Allemagne y entre en 1926, grâce au pacte franco-allemand de Locarno d’octobre 1925. L’U.R.S.S. est admise en 1935.

          La naissance des régimes totalitaires est principalement due à la paix ratée de Versailles. Dès 1919, la Hongrie, à peine créer, bascule dans la dictature. L’Italie n’a pas obtenu les terres irrédentes. Sur le programme de la « victoire mutilée » de l’Italie, Benito Mussolini (1883-1945), le Duce, prend le pouvoir en 1922. Il installe le régime fasciste. L’Espagne devient une dictature à partir de 1923, le Portugal et la Pologne à partir de 1926. Entre 1917 et 1922, la Russie connaît une guerre civile importante qui chasse le tsar Nicolas II et établit la dictature communiste. En 1922, les États socialistes de l’est de l’Europe se pacifient en se regroupant dans une fédération, l’Union des républiques socialistes soviétiques (U.R.S.S.), unique régime communiste. Joseph Vissarionovitch Djougachvili dit Staline (1878-1953) dirige d’une poigne de fer ce nouvel État.

          Le Japon sort grandi par la Première Guerre mondiale. Il menait depuis le début du XXe siècle une politique extrêmement agressive à l’égard de ses voisins. En 1895, l’annexion de la Corée et sa victoire écrasante contre la Russie en 1905 lui ont permis de s’imposer face à la Chine. Cet état de fait s’est accentué par la prise des possessions allemandes en 1915 en Chine pendant la Grande Guerre. Cela n’empêche nullement son entrée au sein de la S.D.N. en 1919. Pourtant, son expansionnisme, notamment vers le Pacifique et vers la Chine, commence à inquiéter les Britanniques et les Américains. Par ailleurs, la Chine se rapproche de l’U.R.S.S. pour assurer sa protection contre les Japonais.

      Le Japon en 1914 (Source : M. Chaulanges & M. Pevsner, 1966, Histoire - Seconde technique, Paris, Delagrave, p. 92)

          La naissance de la puissance américaine est marquée par les Quatorze points de Woodrow Wilson. Les États-Unis obtiennent la liberté de circulation sur les mers du globe, la fin des barrières économiques et l’égalité commerciale pour toutes les nations. Ceci dit, ils refusent de ratifier le traité de Versailles et d’entrer officiellement dans la S.D.N. le 19 mars 1920. Ils n’y seront qu’en tant qu’observateur. Après la guerre, ils sombrent dans l’isolationnisme. Ils se sont enrichis considérablement pendant la guerre. Ils possèdent en 1919 la moitié des réserves d’or mondial. Ainsi, en 1922, le dollar devient la principale monnaie internationale, déclassant la livre sterling britannique.

          La S.D.N., par le pacte de Briand-Kellogg du 27 août 1928, déclare la guerre « hors-la-loi ». La déclaration est signée par 60 États.

    5. La crise des années 1930 et la fin de la paix

    6.     Les premières décolonisations ont lieu : l’Irak en 1932 ou l’Égypte en 1936. Les colonies blanches britanniques prennent également leur indépendance dans le cadre du Commonwealth en 1931 (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud).

          La grande dépression commencée le 29 octobre 1929 à la bourse Wall Street perturbe l’intégralité de la planète. La fragilité de la paix de Versailles ne résiste pas à ses conséquences. En Europe, l’Allemagne et l’Autriche sont touchées en premier, ce qui propulse Adolf Hitler au pouvoir en 1933. Le Royaume-Uni et la France sont touchés en dernier. Le reste du monde n’est pas épargné non plus. Seules les dictatures comme l’Italie ou l’U.R.S.S. paraissent résister à la crise.

          En Asie, le Japon, sévèrement touché par la crise, attaque la Mandchourie en 1931. Cet épisode est raconté dans Tintin et le lotus bleu. Dans la nuit du 18 au 19 septembre 1931, des Japonais font sauter une bombe sur la voie ferrée du sud-mandchourien. Les dégâts sont minimes, mais le gouvernement japonais prend ce prétexte pour envoyer des troupes en Chine pour rétablir l’ordre. La S.D.N. tente de trouver un arrangement amiable désespéré entre la Chine et le Japon. Suite à cet échec et à l’annexion économique définitive de la Mandchourie, le Japon quitte la S.D.N. en mars 1933. L’annexion économique de la Mandchourie a permis au Japon de surmonter la crise des années 1930 par une vaste politique de réarmement à échelle industrielle. En 1937, le Japon annexe politiquement la Mandchourie qui fait partie désormais de l’empire japonais.

      L'expansion japonaise entre 1932 et 1939 (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 222 [Collection Histoire Louis Girard])

          Dès son arrivé au pouvoir, Adolf Hitler, le 30 janvier 1933, décide de mener une politique de relance économique par le réarmement de l’Allemagne, et accessoirement, le point de départ d’une nouvelle guerre européenne. Cette mesure ne peut que susciter un rejet de S.D.N. L’Allemagne quitte la S.D.N. en octobre 1933. Le nazisme s’étend en Allemagne. Il permet de fonder un IIIe Reich en 1934 à la mort du président Paul von Hindenburg (1847-1934). L’Allemagne mène la « politique des pactes de non-agression ». En janvier 1934, le premier du genre est signé pour 10 ans avec la Pologne. D’autres suivront. Dès 1935, Hitler réarme l’Allemagne avec la Wehrmacht (armée de terre) et la Luftwaffe (première aviation moderne), dont la Rhénanie en 1936, marquant son premier coup de force (par rapport au traité de Versailles).

          De son côté, l’Italie annexe l’État d’Éthiopie en 1935-1936. En automne 1936, un « Axe Rome-Berlin » est signé entre les régimes totalitaires nazi et fasciste. Le pacte anti-Kominterm est signé entre l’Allemagne et le Japon le 25 novembre 1936. L’Italie quitte la S.D.N. en 1937. Adolf Hitler peut commencer ses autres coups de force.

          En février-avril 1938, en violation totale du traité de Versailles, l’Anschluss permet d’intégrer l’Autriche au IIIe Reich, sans qu’aucune démocratie ne réagisse. Dès mai 1938, Adolf Hitler réclame les Sudètes « allemandes » de la Tchécoslovaquie. Entre le 23 et le 29 septembre 1938 a lieu la conférence de la honte, la conférence de Munich. Le Royaume-Uni et la France acceptent d’entériner l’annexion voulue par Adolf Hitler en Tchécoslovaquie sans conditions. Le troisième coup de force d’Adolf Hitler est un grand succès. Dès mars 1939, la Tchécoslovaquie est démembrée, son annexion au Reich est prononcée en total violation des accords de Munich.

      L'Anschluss entre 1937 et 1938 (Source : M. Chaulanges & M. Pevsner, 1966, Histoire - Seconde technique, Paris, Delagrave, p. 224)

      Le démantèlement de la Tchécoslovaquie entre 1938 et 1939 (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 232 [Collection Histoire Louis Girard])

          La guerre d’Espagne (1936-1939) sert de répétition générale à la stratégie allemande. Elle permet de tester les nouvelles armes, notamment lors du massacre de la ville basque de Guernica le 26 avril 1937. Adolf Hitler en plaçant Francisco Franco (1892-1975) au pouvoir en mars 1939, se garantit un allié « neutre » en Méditerranée. Du côté de la mer Adriatique, en avril 1939, l’Italie annexe l’État d’Albanie, ce qui permet d’avoir un appui à l’est, notamment vers la Grèce. Cela encourage la signature du pacte d’acier du 22 mai 1939 entre l’Allemagne et l’Italie.

          Reste à l’U.R.S.S. de choisir son camp. L’idéologie nazie est anticommuniste, mais Staline, après Munich, se méfie de la France et du Royaume-Uni. L’ultime pacte de non-agression avec l’U.R.S.S. du 23 août 1939 est signé entre l’U.R.S.S. et l’Allemagne, pacte contenant des clauses secrètes, au mépris des règles de Versailles condamnant ce type de diplomatie. Les dictatures ne forment plus qu’un bloc. La guerre n’est plus très loin.

      L'Europe en 1939 (Source : M. Chaulanges & M. Pevsner, 1966, Histoire - Seconde technique, Paris, Delagrave, p. 233)

  5. Analyse thématique de la Seconde Guerre mondiale

  6.     L’invasion nazie de la Pologne le 1er septembre 1939 provoque (enfin) la réaction de la France et du Royaume-Uni, qui déclarent la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939. C’est le début de la Seconde Guerre mondiale. Le 18 septembre 1939, en application du pacte germano-soviétique, l’U.R.S.S. envahit la Pologne par l’est, ce qui provoque aussitôt son exclusion de la S.D.N. en 1939. Le 28 septembre 1939, la Pologne est vaincue.

    1. Les États belligérants : Axe contre Alliés

    2.     L’Axe est définitivement constitué par le pacte tripartite signé entre Berlin, Rome et Tokyo le 27 septembre 1940. Désormais, l’axe continental à créer est double : un axe européen nord-sud et un axe eurasiatique ouest-est.

          L’agression de l’U.R.S.S. par l’Allemagne en juin 1941 aboutit à la constitution improbable dans d’autres circonstances de la Grande Alliance en janvier 1942 entre l’U.R.S.S., les États-Unis et le Royaume-Uni.

    3. Les phases de la guerre

    4.     La guerre connaît deux phases : 1939-1942 et 1942-1945. La première phase est marquée par les victoires éclaires (Blitzkreig) de l’Axe. La seconde phase est marquée par les victoires progressives des Alliés sur les quatre fronts de la guerre.

      Front de l’Europe de l’Est Front de l’Europe de l’Ouest Front du Pacifique et de l’Asie de l’Est Front méditerranéen (Afrique et Asie de l’Ouest)
      1er septembre 1939 : invasion par l’ouest de la Pologne par l’armée allemande
      18 septembre 1939 : application du pacte germano-soviétique ou invasion par l’est de la Pologne par l’armée soviétique
      28 septembre 1939 : capitulation de la Pologne
      Septembre 1939-printemps 1940 : « drôle de guerre »
      10 mai 1940 : invasion du Luxembourg et de la Belgique, invasion de la France par les Ardennes (nord de la ligne Maginot)
      28 mai 1940 : capitulation de la Belgique, opération dynamo à Dunkerque
      14 juin 1940 : prise de Paris
      18 juin 1940 : appel du général de Gaulle
      22 juin 1940 : signature de l’armistice en France
      8 août 1940-17 septembre 1940 : bataille aérienne d’Angleterre
      octobre 1940-été 1943 : bataille sous-marine de l’Atlantique
      décembre 1940 : attaque de la Grèce par les armées italiennes
      22 juin 1941 : attaque par l’armée allemande de l’U.R.S.S. (opération Barbarossa) printemps-été 1941 : invasion allemande en Yougoslavie et en Grèce
      printemps 1941 : invasion du Proche-Orient et Moyen Orient par les Afrikakrops
      été-automne 1941 : invasion des pays Baltes, de la Biélorussie et de l’Ukraine
      hiver 1941 : armées allemandes bloquées par l’hiver russe 7 décembre 1941 : attaque sans déclaration de guerre de la base militaire américaine de Pearl Harbor par l’armée japonaise
      8 décembre 1941 : entrée en guerre des États-Unis
      10 décembre 1941 : invasion de l’Asie par les Japonais (Indochine française, Birmanie, Philippines)
      mai 1942 : bataille de la mer de Corail mai-juin 1942 : percée de Tobrouk, les Allemands sont aux portes d’Alexandrie
      juin 1942 : bataille de Midway qui stoppe l’avancée des troupes japonaises dans le Pacifique
      août 1942-février 1943 : bataille de Guadalcanal
      octobre 1942 : bataille d’El Alamain, les Britanniques stoppent les Allemands en Égypte
      19 novembre 1942 : contre-attaque soviétique 11 novembre 1942 : invasion allemande de la France libre 8 novembre 1942 : débarquement des Alliés au Maghreb
      12 novembre 1942 : Allemands et Italiens occupent la Tunisie
      2 février 1943 : capitulation allemande à Stalingrad février-mars 1943 : reprise de la Tunisie par les Alliés
      mai 1943 : capitulation italo-allemande en Tunisie, voie d’accès à l’Italie et fin de la guerre en Afrique
      24 juillet 1943 : démission de Mussolini (remplacé par Badoglio) juillet 1943 : bataille de Koursk, nouvel échec allemand FIN DE LA GUERRE EN AFRIQUE DU NORD
      3 septembre 1943 : capitulation de l’Italie, envahie par les Alliés, envoi des troupes allemandes en Italie
      janvier 1944 : mise en marche de l’armée soviétique vers l’Allemagne par l’est hiver 1943-1944 : les Alliés sont freinés en Italie par les Allemands
      4 juin 1944 : Rome est prise par les Alliés
      6 juin 1944 : débarquement en Normandie des Alliés
      25 août 1944 : débarquement de Provence des Alliés
      septembre-octobre 1944 : l’armée soviétique et l’armée yougoslave se rejoignent, évacuation des Allemands de la Grèce, prise de la Grèce par les Britanniques
      octobre 1944 : bataille de Leyte, la flotte japonaise est détruite
      janvier 1945 : invasion de l’Allemagne par l’ouest janvier 1945 : invasion de l’Allemagne par l’est
      LES DEUX FRONTS EUROPÉENS CONVERGENT février 1945 : reprise des Philippines par les Américains, la voie vers le Japon est ouverte
      avril 1945 : Okinawa est atteint
      12 avril 1945 : mort de Roosevelt
      28 avril 1945 : Mussolini est assassiné
      30 avril 1945 : Hitler se suicide
      2 mai 1945 : prise de Berlin
      8 mai 1945 : capitulation sans conditions de l’Allemagne
      FIN DE LA GUERRE EN EUROPE
      6 août 1945 : Hiroshima
      8 août 1945 : invasion de la Corée et de la Mandchourie par l’armée soviétique
      9 août 1945 : Nagasaki
      10 août 1945 : fin des combats
      2 septembre 1945 : capitulation sans conditions du Japon
      FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
      Résumé des grands combats de la Seconde Guerre mondiale

      La bataille de France (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 243 [Collection Histoire Louis Girard])

      La Méditerranée de 1940 à 1942 (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 246 [Collection Histoire Louis Girard])

      La Méditerranée de 1942 à 1945 (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 262 [Collection Histoire Louis Girard])

      Le front est (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 251 [Collection Histoire Louis Girard])

      L'expansion japonaise de 1941 à 1943 (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 254 [Collection Histoire Louis Girard])

      La bataille du Pacifique de 1943 à 1945 (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 278 [Collection Histoire Louis Girard])

      L'Europe de 1943 à 1945 (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 272-273 [Collection Histoire Louis Girard])

    5. L’aspect mondial de la guerre

    6.     La stratégie de la guerre concerne trois continents : l’Asie, l’Europe et l’Afrique. Par le front pacifique, elle arrive aux portes de l’Océanie, sans vraiment l’atteindre. Seule l’Amérique ne subit aucun dommage, à part la base de Pearl Harbor. La raison est très simple, à l’époque, aucun avion de chasse n’a l’autonomie nécessaire pour traverser l’Atlantique ou le Pacifique, et les porte-avions étaient alors de faibles gabarits. Il était techniquement impossible d’atteindre le continent américain.

          Une nouvelle fois, les colonies sont mises à disposition du Royaume-Uni et de la France (libre) représentée par le général de Gaulle à Londres.

    7. L’affrontement idéologique

    8.     La Grande Guerre était un affrontement militaire classique. Les Nations ennemies s’affrontent pour obtenir des revendications territoriales. La Seconde Guerre mondiale prend une autre dimension plus large, plus destructrice. Les camps nazis et japonais poussent la logique du darwinisme social à l’extrême, aboutissant logiquement à l’extermination des peuples autochtones en territoire occupé ou annexé. Le summum de l’horreur reste la théorie nazie.

          La théorie nazie est loin d’être cohérente. Personne ne sait vraiment qui l’a inventé. Évidemment, le nom d’Adolf Hitler y est associé, mais nul ne sait s’il en est vraiment l’auteur. Le régime nazi avait un fonctionnement très obscur. Il est par conséquent impossible d’affirmer qui en est l’auteur avec certitude. Néanmoins, celui qui l’a fait appliquer de manière réelle est bien Adolf Hitler et ses généraux fanatiques proches (Hermann Göring (1893-1946), Joseph Goebbels (1897-1945), Heinrich Himmler (1900-1945), Joachim von Ribbentrop (1893-1946), Fritz Sauckel (1894-1946), Albert Speer (1905-1981), etc.). La théorie nazie, c’est l’application stricte et logique du pangermanisme. Tout commence au XIXe siècle. Friedrich Ratzel (1844-1904), aidé par la découverte de l’évolution naturelle de Charles Darwin (1809-1882), a établi une connexion déterministe entre le sol, la société et l’État. Pour lui, l’État est un être vivant avec une naissance, une vie et une mort. Tout État dispose d’un sol. Ce sol permet de nourrir le peuple qui y vit. Il s’agit par conséquent d’un élément vital. Ainsi, les besoins d’un peuple, pour lui, sont connectés avec la croissance ou la décroissance du territoire de l’État, le futur espace vital de la théorie nazie. Pour les Nazis, les peuples obéissent à une hiérarchie « naturelle » des différentes races. Au sommet, se trouve l’homme aryen, la « race des seigneurs ». En seconde position, on trouve les Flamands, les Scandinaves et les Anglo-saxons, en troisième, les Latins, et en quatrième, les « races inférieurs », les Slaves, les Noirs et les Juifs. La sélection naturelle n’étant pas assez rapide pour garantir un espace vital allemand viable, il faut l’aider un peu. Ainsi, la « solution finale au problème juif » a été décidée. La logique du génocide est inévitable en temps de guerre. En résumé, les nazis ont combiné la théorie « scientifique » de Friedrich Ratzel avec les considérations raciales de nature politique provenant de divers auteurs ultranationalistes franco-allemands (Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882), Georges Vacher de Lapouge (1854-1936), etc.).

          Dans tous les États d’Europe, il existe des collaborateurs et des collaborationnistes. Un collaborationniste est une personne qui adhère aux idées nazies. Il existe une multitude de collaborationnistes en Europe dans les années 1930 : Jacques Doriot (1898-1945) en France, Léon Degrelle (1906-1994) en Belgique, Frits Clausen (1893-1947) au Danemark, Vidkun Quisling (1887-1945) en Norvège, etc. Un collaborateur est une personne opportuniste qui profite de l’occupation allemande pour s’enrichir à titre personnel. La collaboration, prônée par le maréchal Pétain en France par exemple, prend plusieurs forces. Il existe une collaboration commerciale, une collaboration industrielle, une collaboration financière, une collaboration politique, etc.

          La Résistance défend deux types principales d’idéologie : la théorie communiste et la théorie libérale. De manière exceptionnelle, les deux sœurs ennemies naturelles se sont alliées pour combattre l’idéologie extrémiste nazie. Un Résistant est une personne qui décide avec ses propres moyens de lutter contre l’occupant nazi. Il existe deux grands mouvements de résistance : la résistance intérieure (obtention de renseignements, aide aux personnes traquées, information par des journaux libres de propagande, sabotage) et la résistance extérieure (gouvernements en exil à Londres principalement, plans de reconquête alliés). Cela étant, une fois la guerre finie, l’union entre les deux idéologies ne peut tenir au sein des États libérés. Par exemple, en Yougoslavie, Draza Mikhailovic (1893-1946) souhaite un régime libéral monarchique. Par opposition, Joseph Broz dit Tito (1892-1980) souhaite un régime communiste. Alliés pendant la guerre pour libérer la Yougoslavie, Tito fait fusiller Draza Mikhailovic dès que les Nazis ont été chassés du territoire yougoslave.

    9. La guerre totale et les progrès technologiques

    10.     La guerre est totale. Cela signifie que toute la population au sein des États belligérants est touchée directement ou indirectement par la guerre. Les civils subissent les bombardements, qui concernent surtout les villes. Ils doivent également s’acquitter de lourds impôts pour financer la guerre. Les femmes sont une nouvelle fois obligées de remplacer les hommes mobilisés dans leurs travaux.

          La guerre mobilise toute l’économie dans les États belligérants. L’année 1942 est de ce point de vue encore une année charnière. En janvier 1942, Hitler nomme Albert Speer, ministre de l’Économie de guerre. Entre 1942 et 1943, le service de travail obligatoire (S.T.O.) se met en place en Europe. En même temps, les États-Unis élaborent et mettent en œuvre le Victory program consistant à fabriquer de manière exclusive du matériel de guerre.

          Le progrès technique perfectionne les armes de guerre. En début de guerre, les chars blindés et l’aviation blindée ont été inventés par l’Allemagne. En début de guerre, les radars et les asdics (détecteurs de sous-marins en plongés) sont utilisés au Royaume-Uni. Inventé par les Américains, en 1942, le bazooka (ou lance-roquettes) permet à un fantassin de détruire un char blindé. La marine américaine a considérablement progressé dans la conception des navires de guerre. En fin de guerre, le projet Manhattan a permis la conception de la bombe atomique en 1944 aux États-Unis. À la fin de la guerre, les premiers calculateurs automatiques y apparaissent également. En Allemagne, à la fin de la guerre, les premiers avions à réaction et les fusées V1 et V2 ont été inventés. Si l’Allemagne n’avait pas été stoppée en 1945, il est probable qu’une attaque de grande envergure vers l’Amérique aurait pu être menée grâce à ses nouvelles armes. La différence se serait jouée avec l’arme atomique. Les savants allemands en étaient, contrairement à ce que pensait Albert Einstein (1879-1955), encore très loin.

          Cela étant, il y a eu aussi de grandes avancées dans le domaine médical avec la découverte de la pénicilline (soignant la malaria) en 1942 par Alexander Fleming (1881-1905) et du D.D.T. (insecticide). Le laser a été également inventé pendant la guerre.

    11. Les horreurs de la guerre

    12.     Le système concentrationnaire a été inventé en Afrique du Sud lors de la seconde guerre des Boers (1899-1902) par les Britanniques. Les régimes totalitaires, et particulièrement les régimes nazi, japonais et soviétique, ont systématisé le procédé afin d’emprisonner dans des conditions de vie déplorables : les opposants politiques (communistes et socialistes), les personnes indésirables dans la bonne société qu’ils construisent (prostituées, homosexuels), les opposants religieux (catholiques et protestants), les Juifs et les détenus de droit commun. Les camps de concentration sont administrés par les S.S. On estime que les Nazis y ont enfermé environ 1,65 million de prisonniers entre 1933 et 1945. 650 000, soit 40 %, y sont morts.

          En Allemagne, les Juifs sont exclus de la société civile par les lois de Nuremberg en 1935. Avec la guerre, l’arrivée massive des Juifs dans les camps de concentration et la ghettoïsation de ville comme Varsovie, et leur mort trop lente par rapport aux capacités des camps a abouti par l’intermédiaire de la Conférence de Wannsee le 20 janvier 1942 (banlieue de Berlin) a décidé la « solution finale au problème juif ». Cette solution consiste à mettre en place, à côté des camps de concentration, un camp d’extermination rationnelle et systématique de la population juive par des exécutions sommaires et par l’usage du Zyklon B dans les chambres à gaz. Les corps étaient par la suite incinérés dans les fours crématoires. Ce plan est un processus industriel permettant de transformer les Juifs en quelque chose « d’utile » comme du savon, de l’huile, etc. C’est l’horreur humaine absolue. Rien de pire n’a été réalisé aujourd’hui.

          Les Nazis traquent également les Résistants en opérant des répressions préventives et des massacres collectifs (Maillé, Saint-Dié-des-Vosges, Vassieux-en-Vercors, Oradour-sur-Glane). La Gestapo (Geheine Staats Polizei) et les S.S. (Schutzstaffel) sont les deux organisations principales qui traquent les Résistants. La première est la police politique. La seconde est le corps chargé de la protection du parti nazi. Un Résistant arrêté est « interrogé », puis soit éliminé, soit envoyé en camp de concentration.

          Cela étant, les deux camps en guerre ont commis des atrocités. Par exemple, l’entrée en Allemagne étant extrêmement difficile pour les Alliés en 1945, les forces anglo-américaines ont décidé de bombarder la ville de Dresde du 13-15 février 1945. Quel en était l’intérêt tactique ? Aucun. La ville n’était peuplée que de femmes, d’enfants et de vieillards. Quel en était l’intérêt stratégique ? Il s’agit de provoquer une terreur au sein de la population allemande. Dans le Pacifique, la traque au lance-flammes de militaires japonais dans les îles en est une autre, et bien évidemment les bombardements atomiques de Hiroshima et de Nagasaki.

  7. Début de la Guerre froide (1945-1949)

  8.     La Seconde Guerre mondiale a définitivement changé la face du monde. Les éléments de puissance de l’Europe n’existent plus. L’U.R.S.S. domine militairement l’Asie et l’Europe. Les États-Unis domine économique le monde. L’équilibre de la Grande Alliance est sur le point d’être rompu. Entre les deux nouveaux grands, une nouvelle guerre menace le monde. La peur de la Troisième Guerre mondiale s’installe avec toutes ses conséquences.

    1. Bilan de la guerre

    2.     La Seconde Guerre mondiale a fait 50 millions de morts, soit cinq fois plus que la Première Guerre mondiale. Ses conséquences à l’échelle mondiale sont réelles. Toute la planète a subi directement ou indirectement le conflit.

      État Militaires Civils
      Allemagne 4,0 millions 2,5 millions
      Italie 0,3 million 0,2 million
      Chine 1,5 million Inconnu
      Japon 2,0 millions 0,7 million
      Pologne 0,3 million 5,7 millions
      France 0,3 million 0,3 million
      Royaume-Uni 0,4 million 0,1 million
      Grèce 0,08 million 0,4 million
      Yougoslavie 0,3 million 0,2 million
      U.R.S.S. 8,6 millions 16,0 millions
      États-Unis 0,3 million 0
      Bilan des pertes de la Seconde Guerre mondiale

          La principale perdante est l’Europe. Son économie est ruinée au sens propre (tout est détruit) et au sens figuré (l’Europe hésite entre l’économie libérale et l’économie communiste). La dette publique a fortement augmenté, les rêves de l’équilibre budgétaire sont anéantis. L’Europe manque de main-d’œuvre pour faire face à la reconstruction. La pénurie alimentaire se prolonge bien au-delà de la fin de la guerre. Les réserves financières de l’Europe se tarissent. L’Europe a perdu tous ses « cerveaux » qui se sont installés en Amérique du Nord, du fait du nazisme, du communiste, de la guerre, etc.

          La suprématie économique et militaire américaine est la conséquence de la guerre. Beaucoup vous expliqueront que cela s’est par un hasard de l’histoire. Aujourd’hui, plusieurs éléments tendent à montrer que les États-Unis ont établi une stratégie géopolitique globale pour placer l’Europe sous leur protection, et ce depuis les années 1900. La guerre n’a été que le levier qu’ils attendaient pour pouvoir réaliser leurs ambitions géopolitiques. D’un point de vue économique, fait unique dans l’histoire de l’humanité, la production américaine, tous secteurs confondus, a doublé (+100 % d’augmentation de la richesse dans le pays).

          Pour la première fois dans l’histoire, les agresseurs sont jugés par des tribunaux internationaux. Nazis et Japonais sont jugés pour crime contre l’humanité et pour crime de guerre. L’accusation de crime contre l’humanité concerne essentiellement le génocide juif. 5 millions de Juifs ont péri dans les camps d’extermination. Ce qui est jugé est le fait d’avoir organisé de manière rationnelle et méthodique, la traque et l’extermination d’un peuple. Par exemple, les Einsatzgruppen à partir de juin 1941 traquent les Juifs en U.R.S.S. La population juive n’est pas la seule à avoir subi des pertes considérables. Les tziganes ont également été traqués et exterminés. On compte 250 000 morts au sein de leur communauté. Les crimes de guerre concernent les exactions nazies et japonaises envers les populations civiles ou les prisonniers de guerre. Les conventions de Genève interdisent d’organiser des exécutions sommaires parmi les prisonniers, or il est avéré que 3,5 millions de prisonniers russes ont été massacrés par les Nazis par exemple. Ils sont également jugés pour crimes contre la paix. La guerre devient un crime en droit international, chose qu’elle n’était pas jusqu’alors.

          Le procès de Nuremberg, premier du genre, a eu lieu entre novembre 1945 et octobre 1946. Tous les criminels nazis ont été jugés et condamnés soit à la pendaison (12), soit à la prison à perpétuité (6) ; certains ont été acquittés (3). Un procès similaire a eu lieu à Tokyo entre février 1946 et novembre 1946.

          1945 marque un grand tournant dans l’histoire de l’humanité. Les Hommes disposent désormais d’une arme pouvant anéantir toute vie sur Terre, voire détruire la planète : l’ère atomique commence.

    3. Nouvel ordre mondial : l’avènement de deux blocs

    4.     En 1942, il est certain que l’Axe a perdu la guerre. La connexion entre le front est européen et le front ouest asiatique ne se fera jamais, à cause de la résistance de l’U.R.S.S. Le débarquement allié en Afrique et sa victoire face aux Afrika Krops permettent aux Alliés d’encercler l’Europe. Reste à définir la paix et les conditions de la fin de la Grande Alliance.

          Dès 1943, à la conférence de Téhéran, Staline souhaite un partage de l’Europe. L’avancée de l’Armée rouge permet de libérer l’Europe de l’est, tout en y installant des régimes communistes. Par ailleurs, l’U.R.S.S. profite de la guerre pour s’agrandir en 1939-1941 et en 1945.

          Trois grands accords permettent d’organiser un nouveau monde. La Conférence de Yalta les 4-11 février 1945 est la réunion entre Franklin D. Roosevelt (1882-1945), Winston Churchill (1874-1965) et Staline. Elle vise à régler la question européenne, car en Extrême Orient, la guerre semblait devoir durer jusque 1947, la bombe atomique n’étant pas d’actualité. L’Allemagne sera partagée en quatre zones, ainsi que Berlin. Elle sera démilitarisée totalement. Il a également été décidé que la Pologne opérerait un glissement territorial de l’est vers l’ouest au détriment de l’Allemagne, mais au profit à l’est de l’U.R.S.S. Les États-Unis obtiennent le soutien de l’U.R.S.S. en Asie, dès que la guerre est achevée en Europe. D’autres traités règlent le sort des anciens alliés d’Adolf Hitler entre novembre 1946 et février 1947. Pour finir, Yalta permet de poser également les jalons de la future organisation des nations.

          Le 12 avril 1945, Franklin D. Roosevelt meurt. Harry S. Truman (1884-1972) le remplace.

          La Conférence de San Francisco du 25 avril 1945 aboutit à la signature de la Charte des Nations Unies le 25 juin 1945. Elle crée de l’Organisation des Nations Unies (O.N.U.) dont le siège est fixé à New York, et non plus Genève comme la S.D.N., ce qui marque la constitution d’un nouveau monde. La Charte a été signé par 51 États. La particularité de l’O.N.U. par rapport à la S.D.N. est marquée par l’existence d’un Conseil dit de sécurité au sein duquel cinq États (France, Royaume-Uni, Chine, U.R.S.S. et États-Unis) disposent un droit de veto.

          Les questions de l’Allemagne (et accessoirement de l’Autriche intégrée au Reich) et du Japon ont été plus difficiles à régler après la capitulation sans condition du 8 mai 1945 de l’Allemagne.

          La Conférence de Potsdam (banlieue de Berlin) du 17 juillet au 2 août 1945 réunit Staline, Winston Churchill jusque le 26 juillet 1945, date à laquelle il est remplacé par Clement Attlee (1883-1967), et Harry S. Truman. La frontière orientale de l’Allemagne conserve la base de Yalta ; elle correspond à ce que l’on appelle la ligne Oder-Neisse, frontière actuelle avec la Pologne. L’occupation de l’Allemagne a pour objectif de la dénazifier, notamment par le procès de Nuremberg. Par contre, l’Allemagne ne sera pas démembrée comme cela été prévu à Yalta. L’Autriche renaît et est également divisée en quatre zones.

          Désormais, seule la question japonaise reste en suspens. Quelques jours après Potsdam, les explosions atomiques des 6 et 9 août 1945 rendent inutiles l’intervention soviétique dans le Pacifique, ce qui est heureux, à la vue de ce qui se passait en Europe de l’est. Deviennent communistes avec l’aide de l’U.R.S.S. : la Roumanie, la Bulgarie, la Pologne ; deviennent communistes par « choix », c’est-à-dire sans l’aide de l’U.R.S.S., l’Albanie et la Yougoslavie, seuls États à s’être libérés tout seuls des Allemands. Seule l’avenir communiste de la Grèce est incertain ; les nationalistes non communistes gagnent en 1947 et établissent une dictature. Dans le Pacifique, l’U.R.S.S. a tout de même eu le temps d’aider la révolution chinoise et de récupérer les îles Kouriles et de Sakhaline, que le Japon avait pris à la Russie en 1905.

          Début 1946, le monde est clairement dominé par les Soviétiques. La guerre leur a permis d’opérer des percées en Europe de l’est, au Proche-Orient et en Chine. Le 5 mars 1946, Winston Churchill prononce le discours de Fulton (dans le Missouri) en présence de Harry S. Truman. Pour lui, ce qui s’est passé en Europe de l’est et au Proche-Orient marque la naissance d’un « rideau de fer » entre deux « blocs ».

          Entre Hitler et Staline, il a fallu choisir. La chute de l’Allemagne aboutit à l’hégémonie de l’U.R.S.S. sur toute l’Europe, menaçant toutes les démocraties survivantes de la zone ouest de l’Europe libérée par les États-Unis. Il était inacceptable que ses territoires basculent dans la zone communiste. Pour l’éviter, la doctrine Truman (mars 1947) est posée : les États-Unis soutiennent tous États s’opposant au communisme. Aussi, le plan Marshall (1948-1952) fut décidé le 5 juin 1947 lors d’un discours dudit général George Marshall (1880-1959) à Harvard pour sauver les régimes démocratiques européens et éviter un isolement du continent américain dans la stratégie mondiale.

      L'Europe au début de la Guerre froide (Source : J. Bouillon, P. Sorlin & J. Rudel, 1969, Le monde contemporain. Histoire - civilisations, Paris, Bordas, p. 292 [Collection Histoire Louis Girard])

          En septembre 1947, la déclaration de Jdanov déclare le strict opposé de la doctrine Truman : l’U.R.S.S. soutient tout régime s’opposant au capitalisme dans le cadre du Kominform.

          La guerre froide désigne un conflit dans lequel les parties s’abstiennent de recourir aux armes l’une contre l’autre. L’expression a été inventée par l’Américain Bernard Baruch (1870-1965) en 1947. L’affrontement est diplomatique, idéologique et indirect en cas de conflit armé.

          En février 1948, le « coup de Prague » fait basculer la Tchécoslovaquie dans le bloc communiste. En mai 1949, la République fédérale allemande (R.F.A.) est créée. En octobre 1949, la République démocratique allemande (R.D.A.) est créée.

          Le 4 avril 1949, pour faire face à l’U.R.S.S. et ses nombreux alliés, le pacte atlantique est créé. Il aboutit à la création de l’Organisation de traité de l’Atlantique nord (O.T.A.N.) en 1950. Forte de son prestige, l’U.R.S.S. n’organisera sa défense par un traité similaire qu’en 1955 : le pacte de Varsovie pour faire face à l’entrée de la R.F.A. dans l’O.T.A.N. en 1954.

          Le 1er octobre 1949, la Chine devient communiste. Les nationalistes libéraux chinois vaincus, soutenus par les Américains, se réfugient à Taïwan et y créent un nouvel État immédiatement reconnu par l’O.N.U. Le Japon face aux deux grands États communistes devient une zone stratégique de la guerre froide. Il n’est reconstitué en tant qu’État que pendant la guerre de Corée (1950-1953). Il en va de même pour l’Asie occidentale, notamment autour de l’Iran et de la Turquie, qui ont failli devenir communistes. La Turquie finit par entrer dans l’O.T.A.N. en 1952. Elle devient sa base avancée de protection de l’Europe et du Proche-Orient.

          Aux yeux du monde toujours colonisé d’alors, la défaite expresse de leurs occupants ou leur grande difficulté à lutter contre l’Allemagne a réveillé le nationalisme des peuples colonisés. Les Pays-Bas et la Belgique sont vaincus en quelques jours, la France en cinq semaines, le Royaume-Uni n’a été sauvé que par l’ouverture trop rapide du front est européen. Les peuples colonisés se posent des questions sur la solidité de l’armée coloniale. L’Asie est la première à réagir, car toutes les colonies européennes ont subi les idées japonaises de leur propre liberté. Les Japonais chassés, il faut chasser les Européens. L’Inde avait négocié son indépendance pendant la guerre, et obtient effectivement en 1947. Le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui est en marche.





[1] Abdiquer : terme désignant le fait qu’un souverain quitte plus ou moins volontairement son pouvoir.

[2] Africa Krops : nom du corps expéditionnaire allemand commandé par le général Rommel envoyé en février 1941 combattre aux côtés des Italiens les Anglais en Tripolitaine et en Égypte.

[3] Anschluss : terme allemand employé pour désigner le rattachement de l’Autriche à l’Allemagne en 1938.

[4] Armistice : arrêt des combats pour une période plus ou moins longue.

[5] Aryen : peuple indo-iranien qui occupe le nord de l’Inde à partir du XVIIIe siècle a.-C. Les Nazis utilisent le terme pour désigner les peuples blancs du nord de l’Europe qu’ils considèrent comme la race supérieure.

[6] Autosuffisant : fait que les ressources propres d’un territoire soient suffisantes pour assurer les besoins essentiels.

[7] Belligérant : combattant.

[8] Blitzkrieg : terme allemand signifiant « guerre éclair ».

[9] Blocus : mesure visant à empêcher un État ou une ville de communiquer avec l’extérieur.

[10] Capitalisme : système économique dans lequel la production est contrôlée par des personnes privées.

[11] Capitulation : une puissance belligérante s’avouant vaincue par son adversaire qui cesse le combat. En général, elle soumet au vainqueur des conditions.

[12] Collaborateur : personne opportuniste qui coopère et participe au régime nazi.

[13] Collaboration : action de collaborer avec l’occupant nazi.

[14] Collaborationniste : personne qui est convaincue qu’Hitler et ses idées triompheront dans un avenir proche.

[15] Colonie : territoire occupé et administré par une nation en dehors de ses frontières.

[16] Commonwealth : ensemble créé en 1931 rassemblant des États issus de l’empire colonial britannique.

[17] Communisme : doctrine selon laquelle les moyens de production (terres, usines, machines de travail) doivent appartenir à la communauté des citoyens, et non à des individus ou à des groupes qui en tirent profit.

[18] Coup de force : action violente contraire au droit international visant notamment à conquérir un territoire.

[19] Darwinisme social : application de la théorie de sélection naturelle du darwinisme aux phénomènes des sociétés. L’idée défendue est que les individus faibles d’une société sont condamnés à périr de manière déterministe.

[20] Détenu de droit commun : personne emprisonnée pour cause de délits (vol, etc.) ou de crimes (meurtre, assassinat, etc.) prévus par la loi.

[21] Diktat : mot par lequel certains Allemands désignent en 1919 le traité de Versailles pour montrer qu’il leur a été imposé, dicté, par les vainqueurs.

[22] Diplomatie : branche politique qui concerne les relations entre les États.

[23] Dominion : nom donné aux anciennes colonies britanniques devenues des États indépendants.

[24] Économie dirigiste : économie dans laquelle l’État pilote toutes les activités économiques.

[25] Économie libérale : économie dans laquelle l’État n’intervient que très peu, voire pas du tout.

[26] Espace vital : espace territorial au sein duquel Hitler souhaitait regrouper tous les Allemands au détriment des autres peuples européens qui y auraient été des esclaves, notamment pour exploiter la matière première et les terres au profit des Aryens.

[27] Expansionnisme : théorie prodiguant l’expansion territoriale, diplomatique et économique sur les autres États que le sien.

[28] Expressionnisme : mouvement artistique né avant 1914 et qui se développe essentiellement en Allemagne dans les années 1920. Dix et Grosz en peinture, Murnau et Fritz Lang dans le cinéma, Schönberg en musique. En réaction contre l’impressionnisme, il vise non pas à donner une simple impression du monde extérieur, mais à imposer violemment la vision et le point de vue de l’artiste.

[29] Fascisme : doctrine et système politique totalitaire de l’Italie entre 1922 et 1945

[30] Gain de productivité : amélioration de la quantité d’énergie et de travail nécessaire pour produire un bien via une amélioration de la qualification et des matériels, ainsi qu’une meilleure organisation du travail.

[31] Ghetto : quartier d’une ville réservé aux Juifs et enceint d’une barrière.

[32] Guerre de mouvement : phase offensive de la guerre pendant laquelle les troupes se déplacent sur un champ de bataille plus ou moins vaste.

[33] Guerre de position : phase défensive de la guerre pendant laquelle les troupes sont placées dans une zone « à l’abri » de l’ennemi dans le but de conserver les positions acquises.

[34] Importation : action d’introduire sur un territoire national des produits provenant de l’étranger.

[35] Invalide : personne souffrant d’une infirmité le privant de pouvoir mener une vie active, c’est-à-dire de travailler.

[36] Isolationnisme : tendance de la politique extérieure des États-Unis s’opposant à toute intervention dans les affaires européennes.

[37] Kominform : bureau d’information des partis communistes des pays de l’Est, de France et d’Italie, créé au début de la guerre froide en 1947 et dissout en 1956.

[38] Kominterm (ou internationale communiste) : organisation internationale fondée par Lénine en mars 1919 ayant pour but de soutenir les partis communistes du monde entier dans leur lutte contre le capitalisme.

[39] Mutinerie : révolte de soldats contre leur commandement.

[40] Nazisme : doctrine ou régime politique totalitariste relevant du parti national-socialiste allemand entre 1933 et 1945.

[41] Pangermanisme : doctrine affirmant la supériorité de l’Allemagne. Elle préconise son expansion en Europe et le regroupement dans une seule Grande Allemagne de tous les peuples d’origine germanique et de langue allemande.

[42] Percée : ouverture d’un passage à travers la défense de l’ennemi.

[43] Poilu : nom donné aux combattants français dans l’argot des tranchées.

[44] Réparation de guerre : somme donné par le vainqueur au vaincu pour le dédommager de la guerre.

[45] Réquisition : opération par laquelle l’administration exige d’une personne ou d’une collectivité soit une prestation d’activité, soit la prestation ou la remise de biens (mobiliers ou immobiliers).

[46] Résistance : phénomène qui s’oppose à un régime ou un mouvement politique.

[47] Résistant : opposant à un régime oppressant à l’intérieur d’un territoire conquis ou annexé ou dirigé par un dictateur.

[48] Stratégie : art de combiner différents moyens dans le domaine militaire, économique ou commercial afin d’arriver à son but : la victoire, l’expansion économique, la conquête du marché, etc.

[49] Surréalisme : mouvement littéraire et artistique né vers 1922 qui cherche à explorer l’inconscient et le rêve, et rejette les constructions logiques.

[50] Tactique : action militaire sur le court terme. La somme des tactiques donne une stratégie.

[51] Taylorisation : organisation scientifique du travail mise au point par Taylor aux États-Unis et visant à éliminer tous les gestes inutiles au travail.

[52] Terres irrédentes : territoires du Trentin, de l’Istrie et de la Dalmatie appartenant à l’Autriche, que l’Italie souhaiterait récupérer.

[53] Totalitarisme : régime politique dans lequel l’État ou le parti unique en place gère la totalité de la vie quotidienne de sa population. Exemples : fascisme, nazisme, communisme, franquisme, etc.

[54] Tranchée : terme militaire désignant des galeries creusées dans le sol pour abriter des soldats. Elles sont organisées entre elles. Il existe plusieurs lignes de tranchées à peu près parallèles, et reliées entre elles par des boyaux.

[55] Ultimatum : document par lequel un État exige d’un autre État de donner satisfaction à certaines demandes précises dans un délai limité, faute de quoi la guerre sera déclarée à la fin du délai.

[56] Veto : personne pouvant s’opposant à une décision collective, comme une loi votée, par exemple. À l’O.N.U., le droit de veto permet aux cinq États qui en disposent de rejeter une décision de l’Assemblée générale par leur refus de voter la résolution qui lui est proposée. La résolution est rejetée alors par une minorité qui l’emporte sur la majorité.

[57] Wehrmacht : terme allemand signifiant « puissance de défense », nom sous lequel, à partir de 1935, est désigné l’ensemble de l’armée allemande. Elle est placée sous l’autorité d’Adolf Hitler à partir de 1938.