Le 29 février, un casse-tête historique...
Date de publication : 07/03/2022
Tout le monde connaît le 29 février, ce jour fantôme qui se manifeste une fois tous les quatre ans pour rétablir le cours du temps perdu. Pourtant, qui connaît son histoire et ses règles de fonctionnement ? Il ne s’agit pas de voir en détail ce qui est facile à trouver en ligne, mais de rappeler que les calendriers utilisés dans les sources historiques posent des difficultés de conversion de dates entre eux et notre calendrier grégorien en prenant l’exemple des décalages introduits par le 29 février.
Très tôt, les civilisations inventèrent des calendriers. Les tout premiers étaient lunaires et s’adaptaient assez mal au cycle des saisons (pensez au calendrier musulman), adaptation nécessaire pourtant pour développer l’agriculture. La civilisation romaine opta en Europe pour un calendrier solaire, adopté sous la dictature de Jules César, d’où son nom, le calendrier julien. Il avait été calculé par les savants romains que la Terre tournait autour du soleil en suivant un cycle de 365,25 jours. Ils proposèrent d’ajouter un jour tous les quatre ans pour rattraper le temps perdu. Le choix de ce mois fut le dernier du calendrier romain, à savoir le mois de février. Ce nouveau calendrier eut un grand succès, mais, presque 1500 ans après son adoption, on s’aperçut d’un décalage entre les saisons.
On refit par conséquent les calculs, et on trouva que ce ressenti était dû à un arrondi trop important des nombres décimaux, à savoir que la terre tourne autour du soleil en suivant un cycle de 365, 242189 jours... De fait, ajouter un jour tous les quatre ans introduit une légère avance sur le temps qui se traduisit à la fin du Moyen Âge par un décalage de plus d’une semaine.
Le temps étant une affaire religieuse à l’époque, ce fut le pape Grégoire XIII qui prit la mesure de la transformation du calendrier julien en un calendrier qui porte son nom, adopté en 1582. Ainsi, par bulle papale, on passa du jeudi 4 au vendredi 15 octobre 1582 afin de rétablir l’équilibre des saisons, les dates d’équinoxes et de solstices. Les 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14 octobre 1582 n’ont officiellement jamais existé. Toutefois, cette mesure ne concerna que le monde chrétien catholique, pas le monde orthodoxe, ni celui des protestants. En quoi est-ce gênant ? Il suffit d’ôter les 10 jours manquants. Hélas, ce n’est pas si simple.
La différence entre les deux calendriers ne se limite pas à ce décalage. Pour l’éviter définitivement, il fut décidé que chaque année de fin de siècle ne serait pas bissextiles, sauf si elle est divisible par 16. Ainsi, 1600 et 2000 furent bissextiles, mais pas 1700, 1800 et 1900. Ce qui faisait que le décalage entre les calendriers julien et grégorien s’accroissait d’un jour après 1700, de deux jours après 1800, de trois jours après 1900. Au début du XXe siècle, il y avait par conséquent 13 jours de décalage entre le temps occidental et le temps oriental du monde orthodoxe, dominé alors par les Russes. Par exemple, entre si, à Paris, on était le 14 mars, à Moscou, on était le 1er mars 1901... Changer le calendrier fut une mesure très importante prise par les Bolchéviks au moment de la formation de l’U.R.S.S. dans les années 1920.
Ne vous moquez plus du 29 février ! Il cache une complexité méconnue, mais qui pose de réels problèmes dans la programmation des dates en informatique, par exemple. Il pose toujours un casse-tête au niveau des conversions, d’autant que les subtilités calendaires sont rarement enseignées.
Maxime Forriez.
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